KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Hors commerce, hors des clous

éditorial à KWS 82, mai 2018

par Pascal J. Thomas

“Some get stoned, some get strange,
But sooner or later, it all gets real.”

Neil Young : "Walk on" → On the beach, 1974

Quand je vivais à Los Angeles, il m'arrivait (rarement) d'écouter le matin, sur une radio publique américaine, l'émission Morning becomes eclectic, qui comme son nom l'indique proposait un mélange hétéroclite et inattendu de genres musicaux. Il serait exagéré de dire que j'ai été marqué par cette programmation, dans la mesure où j'en ai quasiment tout oublié (en dehors de la fascinante version de "Percy's song" par Fairport Convention). Une trace diaphane, toutefois, doit en rester en moi, qui se manifeste dans les extravagants sommaires de KWS, défoncés, étranges, dont on doute que tôt ou tard ils deviennent réels, truffés de livres dans des langues qui rebuteront une bonne part des francophones, et d'ouvrages dont la connexion aux genres qui nous intéressent est pour le moins ténue.

Et quand par chance nous parlons d'un honnête livre de SF ou de Fantastique, sa parution est suffisamment ancienne pour en assurer la subséquente disparition — des rayons des commerces ordinaires, à tout le moins. Ou, comme par deux fois dans le présent numéro, il n'a même jamais atteint lesdits rayons, se trouvant dès sa naissance exclu du commerce vénal. Oui, la présente livraison de KWS ne chronique aucun livre occitan, catalan ou même italien, mais deux opuscules offerts, respectivement Philip K. Dick goes to Hollywood par les éditions ActuSF et les Finalistes du prix Rosny aîné 2017 par la quarante-quatrième convention nationale de SF (Grenoble, 2017). On pourrait prétendre qu'il s'agit de maintenir en éveil les capacités de recherche de documents (électroniques ou bouquinistés) des lecteurs de KWS, lancés tels des rats dans leur labyrinthe, museau froncé, oreilles frémissantes. J'aime trop le papier — et vous aussi, assurément — pour vous imaginer en rongeurs, chers lecteurs : je fais le pari renouvelé de votre existence, et que vous pourrez prendre plaisir aux comptes rendus d'ouvrages que vous ne lirez pas, que la lumière reflétée par l'étrangeté vous fera d'autant plus apprécier le familier, et que vous saurez le cas échéant retrouver ailleurs des textes des auteurs dont nous aurons vanté les œuvres.

Et KWS poursuivra sa démarche titubante et imprévisible.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.