KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Thomas Disch : Poussière de lune

(Under compulsion, 1968)

nouvelles fantastiques et de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2000

par ailleurs :

Étrange recueil qui touche autant à la littérature générale qu'à la SF ou au Fantastique, étrange recueil d'une sombre amertume. Impression diffuse de se promener dans des scripts non tournés par Hitchcock.

Que Disch traite d'une invasion de cafards ou d'une virée touristique à Casablanca, il ne donne à lire que la noirceur de l'âme humaine. Disch est sans pitié pour les vainqueurs, sans pitié pour les vaincus, et semble considérer l'humain avec le regard froid et lucide de l'entomologiste.

Ce qui fait, à mon sens, la force de ces textes, c'est l'absence de morale. Disch ne s'auto-commente pas, il nous laisse habilement sur sa fin. Nous sommes contraints et forcés d'accepter sa vision et cela implique que nous nous posions les mêmes questions que lui quant à notre rapport aux autres et à nous-mêmes. Sans tendresse ! Mais avec une once d'auto-dérision comme dans "la Cage d'écureuil" où il se regarde écrire à la manière de ceux qui expérimentent l'écriture.

Certains trouveront peut-être que Disch noircit trop le tableau comme dans "Linda, Daniel et Spike" ou "la Descente" ; qu'ils fassent juste une petite expérience — ce sont des textes courts — : lisez le recueil dans son entier puis feuilletez-le… Les images d'un noir intense perdurent à l'esprit et s'ouvrent sur d'autres images identiques. Force de l'écriture simple au service d'idées inusables…

Pour une fois (n'est pas coutume), la quatrième de couverture dit, maladroitement, vrai : « l'Humanité reste un loup pour l'Humanité ».

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 35, février 2000

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