Philip K. Dick : les Délires divergents
nouvelles de Science-Fiction réunies par Alain Dorémieux, 1979
- par ailleurs :
L'aventure littéraire de Philip K. Dick est, en un sens, exemplaire. Auteur célèbre des années soixante aux États-Unis, il est aujourd'hui négligé par son ancien public des fans, qui considèrent son œuvre avec la condescendance des gardiens de la foi pour ceux qui ont trahi. À mesure que son œuvre s'est personnalisée, s'est approfondie, s'éloignant des canons de la Science-Fiction classique, Philip K. Dick a perdu de son audience. C'est qu'aux USA, les amateurs de SF sont les plus conservateurs du monde.
Par contre, en France, les premiers directeurs littéraires qui l'ont introduit ont fait une œuvre durable de missionnaire. En 1979, après vingt années d'efforts, Philip K. Dick est unanimement considéré dans notre pays comme l'écrivain le plus novateur, l'un des créateurs de la Science-Fiction moderne. C'est pour montrer par l'exemple comment ces phénomènes paradoxaux et inverses se sont produits dans ces deux pays, pour tenter de les expliquer, de les analyser qu'Alain Dorémieux — qui fut l'un de ces missionnaires — vient de publier les Délires divergents de Philip K. Dick. En dix nouvelles, parues entre 1952 et 1974, et une introduction, la démarche de l'auteur se précise. Puisant à l'origine aux thèmes classiques pour les renouveler, il édifie peu à peu ses mythes personnels. C'est enfin l'apparition d'œuvres se référant à une réalité parallèle, puis la mise en question progressive de l'illusion du réel.
Pour tous ceux qui cherchent à savoir ce qu'a été la SF d'hier et ce qu'elle est devenue par la grâce de Dick, ce livre sera un manuel précieux. Pour les autres, l'occasion de découvrir des textes peu connus de l'auteur de Substance mort [ 1 ] [ 2 ].