KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Robert Darvel : l'Homme qui traversa la Terre

roman de merveilleux-scientifique après la lettre, 2016

chronique par Noé Gaillard, 2019

par ailleurs :

« À lire les improbables romans de Jules Tallandier, songea-t-il, on perd le sens des choses. ». Cette phrase est presque à la fin du roman, mais le lecteur qui aura été attiré jusque là sait bien, lui, que la référence vient confirmer son sentiment de parodie-hommage aux romans d'aventures publiés par Jules Tallandier, bien connus des amateurs. Or, ce roman a été écrit entre août 2015 et juin 2016, et je ne pense pas qu'il aurait été accepté par Tallandier. Pourquoi ? Parce que trop distancié.

Si l'on retrouve les personnages élémentaires : le père obsédé par l'argent qui néglige sa fille ; cette fille jeune et belle amoureuse du chercheur génial qui est sur le point de créer un rayon qui permet la décohérence des individus qui pourraient ainsi pénétrer dans le sol pour en déterminer la nature ; le jeune aide du chercheur, un traître qui ne sert que son intérêt ; et même les personnages secondaires destinés à amuser, à montrer l'intelligence ou la bêtise des autres, ou simplement à être utiles à l'intrigue. Les qualités et les défauts sont accentués par le regard critique de l'auteur, qui se fait notre complice, et de fait ne nous raconte pas vraiment l'aventure d'un savant amoureux de la fille de son mécène, mais se fait plaisir en cherchant à nous amuser. Non content de raconter de l'improbable, il commente son récit pour nous en épargner d'éventuelles longueurs, et s'autorise des notes de bas de page pour se justifier de nous laisser sur notre faim — surtout quand les choses deviennent un peu scabreuses : imaginez deux corps en décohérence qui s'interpénètrent !

Je me suis posé trois questions au fil de ma lecture. Une première est un peu futile : un des personnages s'appelle Arnoulds, avait-il été un galopin,(1) tout comme l'ouvrier, qui, décohéré, va visiter la terre, s'appelle un altérac ? La deuxième partait du principe que pour être réussie, cette parodie-hommage se devait d'être intelligente, et, vous l'avez compris, c'est le cas. La dernière est : me suis-je amusé à cette lecture ? La réponse est oui, et je pense que vous vous amuserez aussi.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 85, août 2019


  1. Arnould Galopin, auteur du début xxe siècle, a publié chez Tallandier (merci Wikipédia) — NdlR.

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