KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Andreas Eschbach : l'Or du Diable

(Teufelsgold, 2016)

roman de Science-Fiction

chronique par Philippe Paygnard, 2018

par ailleurs :

Tout commence par le vol d'un livre ancien chez un bouquiniste. Hendrik Busske, simple employé de banque, y déniche la légende fascinante d'un alchimiste ayant trouvé la Pierre philosophale. Dans cet opuscule aux pages jaunies, il dévore l'histoire de John Scorro, un Anglo-Saxon ayant découvert, en 1295, le plus grand des secrets de l'alchimie. Il est contraint par le chevalier allemand Bruno von Hirschberg de fabriquer de l'or pour financer une nouvelle croisade. Mais le métal précieux issu de cette transmutation contre nature est maudit et tous ceux qui le conservent meurent. Après avoir lu ce récit intrigant, Hendrik décide de changer de vie.

Et si l'on commençait cette chronique par un cliché : la Science-Fiction allemande se résume aux aventures spatiales de Perry Rhodan. C'est en grande partie vrai puisque les fascicules de ce héros, dont l'édition a débuté en 1961, continuent à paraître à un rythme hebdomadaire, même si les auteurs historiques, K.H. Scheer et Clark Darlton, ont disparu. D'ailleurs, Andreas Eschbach a lui-même conté quelques exploits du Stellarque de Sol dans ses jeunes années. Cependant, c'est définitivement avec Jésus vidéo (1998) qu'Eschbach fait entendre sa voix si particulière dans le microcosme de la Science-Fiction et du Fantastique.

Avec l'Or du Diable, le romancier allemand mêle mythe et science. L'aspect légendaire provient de ce petit livre volé par Hendrik Busske qui relate une histoire extraordinaire de transformation de vif-argent en or.

La partie scientifique du récit est fournie par Adalbert Busske, frère aîné de Hendrik, chercheur au CERN, qui explique la transmutation du mercure en métal précieux grâce à une irradiation qui semble impossible à reproduire.

Alternant la quête de la vérité sur cette légende et le quotidien de Hendrik qui, s'inspirant de l'alchimie, propose des séminaires de conseil financier, Eschbach prend le temps de nous faire découvrir cet homme tout à fait normal, sa femme et sa fille qui grandit au fil des chapitres. Cette lente progression de l'intrigue n'en rend pas moins le récit captivant. La narration linéaire du romancier, qui fait le choix de suivre exclusivement Hendrik tout au long du livre, ne s'interrompt que le temps de ses lectures qui plongent alors le lecteur au Moyen-Âge, aux côtés de ces alchimistes qui tentent de percer le secret de la pierre philosophale. Le caractère falot et opportuniste du personnage principal n'empêche nullement le roman d'être prenant et passionnant jusqu'à sa conclusion.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 82, mai 2018

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