KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Serge Brussolo : les Geôliers

roman de Science-Fiction d'horreur, 2017

chronique par Noé Gaillard, 2017

par ailleurs :

Attention ! ce roman n'est sorti qu'en édition de poche. On regrettera un peu que l'illustration de couverture soit si mal lisible en format réduit. Et l'on se réjouira de pouvoir plonger à nouveau dans un Brussolo…

Pourquoi ? Simplement parce que Serge Brussolo est de ces écrivains — fort rares — qui non seulement savent raconter une histoire mais s'assure la complicité du lecteur en lui “faisant peur” alors qu'il (le lecteur) sait très bien qu'on lui raconte une histoire. Genre : le lecteur tremblant de frousse, souriant en disant : « Mais je sais bien que ce sont des histoires… ». Une façon comme une autre de garder une âme d'enfant.

Imaginez un instant que la planète Terre ait été ce que l'Australie fut un temps pour l'Angleterre : un bagne. Imaginez que des civilisations extraterrestres aient exilé sur notre sol des criminels endurcis et dangereux, et confié à des geôliers le soin de les garder. Imaginez qu'une brave dame un peu niaise, Debbie, ait épousé un geôlier et puis découvert les monstres. Qu'elle ait tué sa famille et fui la ville (Dipton). Enfin, que Dieter Jürgen, un réalisateur un peu déjanté, décide de tourner un biopic à propos de Debbie et engage une scénariste, Jillian, pour mettre tout cela à plat. Jillian va collationner les témoignages de ceux qui ont connu Debbie ou Dipton, elle va rendre compte à un Dieter de plus en plus paranoïaque et protégé par des Hell's Angels. Ils obtiendront l'autorisation de filmer à Dipton, à leurs risque et péril… Petite citation : « Des animaux monstrueux… une grenouille à tête de colibri, une tortue-souris, un lapin cornu, un rat de la taille d'un chien, au corps couvert d'écailles… Parfois, ils se rassemblaient sous mes fenêtres ou grattaient à ma porte… Au matin, je découvrais le battant couvert de griffures. » Des animaux monstres de carnaval qui vous feraient perdre vos cinq sens.

Ne réclamez pas la fin. Ce n'est pas qu'elle manque d'intérêt ou d'importance, c'est simplement que vous la connaissez… Vous êtes plus ou moins dedans, embarqué dans l'histoire.

Vous avez compris, ce roman est jubilatoire. Il exorcise les peurs et en même temps il nous fait peur. Nous sommes dans et hors du coup. Nous sommes spectateurs/acteurs selon les moments et les intensités.

Un vrai remède à la mélancolie… Merci, monsieur Brussolo.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 81, décembre 2017

Lire aussi dans KWS une autre chronique de : les Geôliers par Philippe Paygnard

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