Nous connaissons bien Selene Verri pour sa participation (passée) aux Lyonnes de la SF, et sa présence aux conventions françaises de Science-Fiction. Dans la vie réelle, elle est journaliste en free lance, et a parcouru depuis plusieurs années diverses parties du Kurdistan, qui est le lion dont elle est allée examiner les plaies métaphoriques.

Ce mince ouvrage⁽¹⁾ se compose de récits de visite au Kurdistan iraquien, pour interviewer un leader militaire du PKK, et dans la Rojava (Kurdistan syrien), surtout à Kobané. Les anecdotes sont, on s'en doute, rocambolesques et inquiétantes, toujours racontées avec pas mal d'humour, malgré la frayeur qu'a dû éprouver l'autrice à l'occasion de certaines situations vraiment délicates. C'est aussi l'occasion de se faire une idée de la vie dans des territoires au destin fluctuant.

Le texte est complété par des extraits d'entrevue avec un combattant français des YPG (en Syrie), qui sont l'occasion d'un coup de projecteur sur la situation linguistique et politique des populations kurdes en Syrie et en Irak. Avec une attention toute particulière à la politique d'égalité des sexes promue en Rojava par le PYD, qui tranche sur les coutumes de la région (et même les nôtres). Cette fin de livre a peut-être été écrite plus vite, avec moins de digressions savoureuses que le début. Je précise que l'italien du texte reste journalistique, et ne devrait pas poser de problèmes aux lecteurs de langues latines — ce que les habitués de KWS, qui se débrouillent dans cette langue bien plus compliquée qu'est le français, doivent être.

De toute évidence, il reste la matière de bien des reportages futurs. Que nous espérons bien que Selene Verri aura l'occasion de faire pour nous, entre deux conventions où nous lui paierons à boire.