KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Olivier Silberzahn : Journal d'un nageur de l'ère post-Trump

court roman de politique-fiction, 2017

chronique par Noé Gaillard, 2017

par ailleurs :

C'est sans doute le titre plus que l'illustration de couverture qui vous tirera l'œil. En tout cas, si vous prenez la décision de lire ce court roman, lisez-le dans les meilleurs délais. Pourquoi ? Parce que le Journal commence en mai 2017 et que ce n'est pas très loin… Vous avez deviné : l'action concerne la France. L'auteur comme le héros travaille dans l'informatique à un haut niveau (cela explique la présence en fin de volume d'un Glossaire cyber-politico-natatoire). Schématiquement, le roman se présente de la façon suivante : une leçon de natation, un cours sur l'évolution du monde à partir de la victoire de Donald Trump et de celle de Marine Le Pen aux élections présidentielles. On prendra vite conscience de l'importance de la natation aux yeux du héros pour se détendre et éviter un trop gros stress. Vous l'avez compris, nous sommes dans un roman de politique-fiction qui commence en mai 2017 et s'achève en avril 2025. Peut-être vous souvenez-vous d'un temps où les auteurs qui désiraient critiquer la façon dont leur pays était gouverné étaient contraints d'inventer, d'“imaginer” des pays fort proches du leur… Là, Olivier Silberzahn n'invente rien ou presque ; il se contente de justifier un certain avenir en analysant le passé et le présent pour en mettre en évidence les causes et les raisons de ce qu'il imagine. Peut-être serez-vous obligé, si vous le lisez, de lever de temps en temps les yeux de votre lecture pour vérifier à quelle “époque” il situe ce qu'il raconte. L'analyse économique semble juste et le regard sur le terrorisme tout aussi aigu. Bien sûr, le héros est un cadre qui dispose des moyens de s'informer, mais il semble surtout guidé par le simple désir de survivre. On peut se permettre de lui trouver un petit côté cynique et je ne crois pas que l'auteur nous en veuille.

Attention ! nous ne sommes pas dans une politique-fiction avec héros redresseur de situation et fin heureuse. S'il ne nageait pas, le personnage principal sombrerait comme les autres. Je pense que ce qui le sauve, c'est son égoïsme et sa solitude forcée. Le monde démondialisé qu'il nous propose est bien loin de celui imaginé par le provocant auteur de Soumission, mais très sombre pour autant.

Attention, ne zappez pas le glossaire ; il peut vous servir à regarder le monde autrement qu'à travers le filtre de votre télévision…

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 80, juillet 2017

Lire aussi dans KWS la chronique d'Augmentus par Noé Gaillard

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