KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Yana Vagner : le Lac

(Живые люди, 2012)

roman de Science-Fiction

chronique par Philippe Paygnard, 2016

par ailleurs :

Ils ont fui les villes où la maladie a décimé toute la population. Ils ont échappé à la mort en faisant le choix de ne faire confiance à personne. Ils ont cru trouver un havre de paix sur une île au milieu d'un lac. Mais la survie se révèle être une lutte de tous les instants et un combat qui n'est jamais gagné d'avance.

Suite directe de Vongozero (2011), le Lac permet de retrouver l'ensemble des protagonistes du roman précédent dans la continuité de leur fuite à travers la Russie. Après la road story, Yana Vagner invite donc ses lecteurs à un huis clos dont les limites physiques sont formées par ce lac gelé qui entoure l'île où Sergueï et son groupe ont trouvé refuge. Source de vie, car il regorge de poissons, si l'on sait les pêcher, le lac peut aussi devenir un danger mortel lorsque la glace se brise sous le poids d'un homme ou d'un véhicule. De la même manière, le froid qui semble les protéger du virus peut se révéler fatal quand le seul chauffage disponible est un vieux poêle à bois dans une cabane mal isolée. Rencontrer d'autres survivants ne leur apporte aucune lueur d'espoir, ces derniers pouvant fort bien constituer une menace, qu'ils soient infectés ou qu'il s'agisse de pilleurs sans foi ni loi dans ce monde en pleine décomposition. En effet, avoir survécu à la fuite à travers la Russie ne garantit nullement aux membres du petit groupe de rescapés d'échapper à la mort face à une nature hostile et à un virus toujours redoutable.

Yana Vagner ne perd pas son temps à refaire les présentations des survivants du lac. Elle reprend la narration, comme si de rien n'était, en utilisant encore la voix d'Anna, une femme ordinaire plongée dans un monde qui n'a plus rien d'ordinaire. Le récit reste ainsi à taille humaine, avec les préoccupations quotidiennes d'une épouse et d'une mère, sans sombrer dans le roman intimiste, ni l'aventure post-apocalyptique. Côté style, l'absence de chapitrage et des phrases longues participent à l'ambiance pesante de ce sombre journal de survie qu'est le Lac.

Si vous avez aimé Vongozero, il faut absolument lire le Lac. Si vous découvrez Yana Vagner avec ce livre, arrêtez tout car il est impératif de commencer la lecture de ce diptyque par Vongozero, indispensable porte d'entrée à ce monde d'après créé par la romancière.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 78, août 2016

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