KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

James Dashner : la Partie infinie (le Jeu du maître – 1)

(the Eye of minds, 2013)

roman de Science-Fiction pour la jeunesse

chronique par Philippe Paygnard, 2016

par ailleurs :

Fuyant un quotidien sans intérêt, Michael préfère sécher l'école et plonger dans la réalité virtuelle des jeux du VirtNet. Il est sur le point d'accéder à l'ultime niveau de LifeBlood, le jeu à la mode, et voici qu'il est contacté par les autorités pour enquêter sur des morts mystérieuses, mais bien réelles, liées au jeu. Avec ses amis Sarah et Bryson, alors que leurs corps sont reliés à des capteurs dans des sortes de sarcophages, leurs avatars partent à la recherche de l'intelligence maléfique qui se cache derrière ces disparitions.

Après sa trilogie post-apocalyptique, l'Épreuve (trois premiers volumes publiés par Pocket Jeunesse entre 2012 et 2014, et la série de films qui va avec), James Dashner se lance à la conquête de nouveaux univers, virtuels et persistants. Si les jeunes lecteurs peuvent s'identifier à des héros de leur âge qui, dans le futur proche du roman, bénéficient des dernières avancées technologiques rendant les jeux vidéo de plus en plus semblables au réel, les jeux conçus par Dashner manquent singulièrement d'inventivité et de folie. Au détour d'une page ou deux, on peut apercevoir ce qui pourrait être un clin d'œil à Matrix, même si le monde de LifeBlood n'a que peu de choses à voir avec la matrice de Neo. En effet, si l'on joue au jeu des ressemblances, le Jeu du maître fait irrésistiblement penser à l'univers complexe de .hack. Véritable phénomène multisupport développé à l'aube des années 2000 par la société nippone Bandai, .hack se décline ainsi à travers des romans, des mangas, des séries d'animation, des jeux de cartes et des jeux vidéo. Interconnectées, les histoires disponibles sur ces différents supports permettent de visiter l'univers persistant de the World, un MMORPG situé dans un monde de Fantasy. Tout comme dans le Jeu du maître, certains joueurs de the World sont victimes d'un mal étrange qui les plonge dans le coma sans que les administrateurs du réseau ne parviennent à savoir si cela est la conséquence d'un bug, d'un virus ou d'une intelligence artificielle devenue folle.

S'inspirant de thématiques identiques, James Dashner reste cependant bien moins convaincant que les mondes interconnectés de .hack. Le retournement final de son roman, après une longue quête suivant un banal sentier, ponctuée de rencontres un peu trop convenues, est bienvenu et montre la parfaite maîtrise technique du romancier même si son univers virtuel peine à emporter l'enthousiasme.

Adapté sur grand écran, comme son cycle l'Épreuve, avec une bonne dose d'effets spéciaux et une équipe de script doctors, le Jeu du maître peut se transformer en un très honorable scénario de blockbuster à l'américaine.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 78, août 2016

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