KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Milan Nova : Dents

nouvelle fantastique, 2016

chronique par Philippe Paygnard, 2016

par ailleurs :

Augustin a fait un choix décisif. Il a quitté Londres et une situation professionnelle enviable pour reprendre l'exploitation viticole léguée par un oncle éloigné. Malgré le bon accueil qui lui est réservé par les habitants de Lorient-sous-les-pins, l'état de son héritage le surprend. La propriété qu'il pensait prospère se révèle être à l'abandon et perdue au milieu de nulle part. Il se retrouve donc seul, loin de tout, et passe sa première nuit dans une bâtisse bien trop grande pour sa solitude.

Utilisant le style épistolaire, Milan Nova entraîne ses lecteurs dans une aventure difficile à dater qui pourrait se dérouler il y a deux siècles comme demain. Dans ce coin paumé, où les téléphones portables ne passent pas, une feuille blanche et un stylo constituent l'unique moyen de communiquer avec l'extérieur. Car toute l'intensité du récit de Milan Nova tient au fait que le narrateur est coincé, loin de ses amis et de ses proches, dans un monde dont il ne connaît pas les règles et sur lequel il n'a aucun contrôle. Chacune des lettres qu'il écrit à sa sœur Elizabeth ressemble aux petits cailloux blancs laissés par le Petit Poucet pour retrouver sa route. Des cailloux qui, comme dans le conte, finissent par n'être plus que de la mie de pain qui disparaît, piégeant définitivement Augustin dans le rôle que les habitants ont défini pour lui.

La nouvelle se révèle être le format idéal pour cette plongée dans le mystère et l'angoisse. Si le thème abordé fait forcément penser à H.P. Lovecraft, Milan Nova, grâce à sa narration épistolaire, réussit à éviter la copie pour créer son propre univers empli de secrets aussi glauques qu'horrifiants.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 78, août 2016

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