KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Max Brooks : World war Z

Max Brooks : Guide de survie en territoire zombie

(World war Z & the Zombie survival guide, 2006 & 2003)

roman de Science-Fiction d'horreur et compagnon de lecture

chronique par Philippe Paygnard, 2011

par ailleurs :

Réunissant les témoignages de survivants de la Ze Guerre mondiale, un fonctionnaire de l'ONU dresse le tableau de ces années qui faillirent voir l'espèce humaine, sa partie vivante au moins, disparaître. À travers les récits d'hommes et de femmes rencontrés aux quatre coins du monde, il décrit les années apocalyptiques lorsque les vivants devaient affronter des hordes sans cesse grandissantes de zombies. Par le biais de ces comptes rendus, il raconte la fin d'une civilisation et sa lente renaissance sur les ruines d'un monde meurtri.

World war Z n'est certes pas le premier roman consacré aux zombies et il n'est certainement pas le dernier, mais il se distingue des autres livres du genre par une technique narrative totalement différente. Alors que la plupart des ouvrages consacrés à la menace des morts-vivants suivent le destin d'un individu ou d'un petit groupe de survivants qui tentent d'échapper au mortel fléau, le roman de Max Brooks(1) (sous-titré : une histoire orale de la Guerre des zombies) utilise une forme journalistique, compilant les contributions de survivants qui permettent d'avoir un point de vue plus général du phénomène zombie. Par sa forme, World war Z rappelle les grands livres de témoignages produits après la plupart des grandes guerres, à l'image des célèbres le Jour le plus long (1959) et Un pont trop loin (1974) écrits par Cornelius Ryan.

Grâce à cette multiplicité de narrateurs : responsables politiques, soldats, cinéastes et autres, on suit l'effondrement rapide de la civilisation humaine, à travers les cinq continents, de l'Amérique jusqu'en Australie, en passant par la vieille Europe, d'Est communiste en Ouest capitaliste. Max Brooks imagine ainsi les diverses réponses politiques et militaires données par des autorités rapidement débordées par ce phénomène incompréhensible qui transforme les humains en une irrésistible armée de zombies sans âme. Comme les films de George A. Romero, plus particulièrement sa trilogie initiale (la Nuit des morts-vivants, Zombie et le Jour des morts-vivants), World war Z offre bien évidemment l'opportunité d'une critique sociale que Max Brooks étend de l'Amérique au monde entier. Gouvernants corrompus, mensonges d'État, isolationnisme, individualisme forcené, foi inconditionnelle dans la technologie sont quelques-unes des tares si humaines et si modernes que Max Brooks pointe du doigt, à travers les témoignages plus ou moins brefs collectés par son narrateur.

Contrairement à certains spécialistes du genre — je pense tout particulièrement au cinéaste George A. Romero, au scénariste de bandes dessinées Robert Kirkman (the Walking dead, le comic book) et au scénariste-réalisateur Frank Darabont (the Walking dead, la série télévisée) —, Max Brooks s'essaye à expliquer l'apparition des morts-vivants. Il le fait à travers quelques-uns des témoignages de World war Z, mais de manière encore plus détaillée dans les pages du compagnon de lecture idéal de son roman, le Guide de survie en territoire zombie (sous-titré : ce livre peut vous sauver la vie). Dans cet ouvrage, citant les travaux du très fictif docteur Jan Vanderhaven, il décrit ainsi par le menu les effets dévastateurs du virus solanum qui est à l'origine de la pandémie zombie.

Si la menace zombie est avant tout le moyen de s'interroger sur la société actuelle et de mettre en évidence ses maux et ses failles dans World war Z, Max Brooks, en digne héritier de son père Mel, ajoute une bonne dose d'humour second, voire troisième degré, dans son indispensable Guide de survie en territoire zombie (que cette édition de poche permet enfin de conserver sur soi).

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 69, juin 2011

Lire aussi dans KWS une chronique de l'Année du lion de Deon Meyer par Philippe Paygnard


  1. Traduit, comme son volume compagnon, par Patrick Imbert.

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