KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Catherine Langloÿs : les Enfants de la Sphère

roman de Science-Fiction, 2008

chronique par Noé Gaillard, 2009

par ailleurs :

Au début du roman, en 3227, la petite Cégie a cinq ans ; à la fin elle en a cent trois. Entre-temps, elle aura débarqué le Tyran qui se cache sous le “Pouvoir-Suprême” et changé la société, qui va passer d'asexuée et incapable de se reproduire naturellement à normale — c'est-à-dire qu'elle va devoir supporter tous les aléas de l'humain… En nous montrant au gré des divers épisodes le mode de vie de ceux de 3227 et en racontant la façon dont la Terre a été en grande partie détruite, obligeant une poignée de survivants à vivre sous terre (cette histoire des rescapés se fait par l'école et le travail d'archéologue du père de Cégie). Nous avons ainsi droit au choix et à la réception du bébé, son enlèvement, qui mettent en évidence les facultés de téléportation des personnages. Aux repas toujours à base de pilules nutritives dont les bleues sont les plus agréables à manger. Alors que tous les Sphériens sont minces et élancés, celle qui a fait enlever le frère de Cégie est une boulotte disgracieuse avec laquelle personne ne veut former de Duo. Nous apprenons que l'indifférence aux autres est la meilleure solution pour vivre en paix. Ainsi asexués et indifférents les uns aux autres, les Sphériens ont l'habitude de vivre heureux. Mais voilà qu'une maladie survient et il faut vacciner. En même temps qu'elle apprend l'histoire des anciens de la Sphère, Cégie — précoce au point d'être pubère avant son opération — découvre l'amour sensuel avec son petit camarade de classe. Elle n'aura, ils n'auront de cesse d'avoir rendu aux Sphériens le sens du plaisir et de la liberté d'être…

Étrange jeunesse que celle de la Sphère, qui agit sans analyser les causes et les conséquences (d'un état de fait) et qui semble pourtant disposer d'un enseignement savant (peut-être mal dispensé). Mais sans doute ne lui apprend-on pas à penser.

Vous avez certainement compris, lecteurs avisés, que nous n'avions pas là une grande originalité sur le plan de l'invention romanesque. Combien en avons-nous lues de ces histoires où un héros rétablit la société d'avant la tyrannie (avec une héroïne, c'est plus rare) ? Combien de fois avons-nous trouvé leurs motivations bien plates (vengeance, un amour, un frère, une sœur à retrouver, une ethnie à défendre, une mission sacrée à remplir, une promesse jurée, l'appât d'un trésor, etc.) ? Combien de fois les batailles rangées, les pièges et les duels ont-ils remplacé la qualité de l'écriture et parfois éclipsé l'intérêt du récit ? Pourtant, je vous convie à déguster ce roman écrit par un auteur manifestement étranger à notre petit monde. Pourquoi déguster et non dévorer ? Au moins parce que si l'auteur ne connaît pas les grands ancêtres du Fleuve noir, elle a lu et relu ses classiques (au moins Montesquieu, Fontenelle, Voltaire, ces auteurs en noir et blanc qui dynamitaient le monde bien avant Nobel), et parce que si parfois sa démonstration peut paraître un peu lourde, elle ne se base que sur l'amour et la connaissance pour essayer de construire un monde meilleur (sans passer par le new age ou autre sectarisme ambiant).

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 62-63, juillet 2009

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