KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Ce qu'on n'écrit pas…

éditorial à KWS 41-42, janvier 2002

par Pascal J. Thomas

par ailleurs :

…est souvent plus important que ce qu'on écrit. Je m'explique. Les Navigateurs de l'impossible vient de sortir à l'occasion des Utopiales de Nantes, début novembre 2001. Il s'agit d'une des six premières parutions d'Imaginaires Sans Frontières, nouvel éditeur de SF. Ce n'est pas si souvent qu'il en naît : on peut se réjouir, d'autant qu'ils ont choisi de se concentrer sur le créneau de la nouvelle, souvent délaissé par les plus gros, avec quatre recueils, une anthologie, et un roman. L'équipe d'I.S.F. est, grosso modo, celle de la revue Galaxies.

Les Navigateurs de l'impossible est un projet un peu à part dans la production d'I.S.F., parce qu'il s'agit d'une co-édition avec le prix Rosny aîné, qui a fourni une aide financière, et le contenu du volume : les nouvelles gagnantes du prix depuis 1980 jusqu'à 2000. Plus une postface de Joseph Altairac, secrétaire du prix, sur J.-H. Rosny aîné l'écrivain, et une de votre serviteur,(1) vétéran du fandom, sur la petite histoire du prix Rosny aîné.

C'est là que le bât blesse, vous vous en doutez : je suis connu pour mes écarts de langage, et si l'éditeur du volume (Stéphane Nicot) a sorti la gomme pour effacer les impairs les plus criants, il n'a pu remettre dans le texte ce qui manquait. J'écrivais à propos du prix Rosny aîné : « Un auteur, surtout un auteur qui vient assidûment aux conventions, peut faire basculer les choix […] en raison de l'amitié que lui porteront beaucoup de gens. On a souvent dit ceci de Francis Valéry ou de Roland C. Wagner, par exemple. ». Et je continuais en expliquant pourquoi on aurait pu douter du potentiel grand public des premières œuvres de Roland, pour conclure que « des romans comme l'Odyssée de l'espèce […] ont dissipé cette impression. ». Mais je ne disais rien de tel pour Francis Valéry.

On pourrait en conclure — si on est de mauvaise foi — que je pense que ses prix Rosny aîné lui ont été attribués uniquement à cause de sa présence personnelle. Ce serait négliger le fait que je n'ai pas écrit sur ses œuvres des débuts — à la différence de celles de Roland — qu'elles semblaient destinées à un public restreint : elles ont tout de suite été accueillies avec l'admiration qu'elles méritaient. Par contre, il est vrai que Francis Valéry ne connaît pas aujourd'hui le même succès éditorial que Roland C. Wagner comme romancier, et que ce qui est sans doute son meilleur livre, l'Erreur de France, a été auto-édité. Regrettable. (La Cité entre les mondes est chez Denoël et a été bien accueilli, même si personnellement j'avoue aimer un peu moins). Mais cela n'empêche pas les connaisseurs de reconnaître la place éminente de Valéry dans la SF française. Comme littérateur. (Et aussi comme essayiste et responsable de revue.)


  1. Notons au passage que si I.S.F. est un éditeur qui se veut professionnel, envoie des contrats — après parution, certes —, et est diffusé par Harmonia Mundi (toutes belles et bonnes choses), je n'ai toujours pas été payé (en date du 9 janvier 2002).

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