KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Nicolas Bouchard : Astronef aux enchères

roman de Science-Fiction, 1999

chronique par Jean-Louis Trudel, 1999

par ailleurs :

Après avoir publié Terminus Fomalhaut aux éditions Destination crépuscule chez Encrage en 1997, Nicolas Bouchard entre au Fleuve noir avec ce roman qui marie allégrement la Science-Fiction et la formation juridique de l'auteur.

Dans un futur à moyen terme, les sociétés installées dans l'espace du système solaire, à bord de gigantesques stations spatiales ou à l'intérieur d'astéroïdes miniers, ont acquis un début d'indépendance face à la Terre. Mais une faction d'autonomistes fanatiques rêvent d'étendre l'autorité de ces habitats spatiaux sur tous les mondes du système solaire.

Rachel Farhner, huissier de profession de la station Goldschmidt, va être mêlée aux menées occultes des autonomistes farouchement opposés à la présence des Terriens dans l'espace. Malheureusement pour la jeune Rachel, son physique petit et ramassé (elle mesure 1 m 75 alors que ses compatriotes spatiaux sont beaucoup plus grands et filiformes…) la désigne à l'hostilité larvée et généralisée qu'inspirent les Terriens. Comme, en plus, elle est une des rares femmes à pratiquer son métier, elle a dû s'habituer à l'impopularité.

Cela ne fait pas d'elle pour autant une partisane automatique des uns ou des autres : elle a grandi à bord de Goldschmidt et n'avait jamais songé à s'occuper de politique avant que la politique ne s'occupe d'elle. Il faudra donc le meurtre d'un de ses clients et la saisie ratée d'un astronef confisqué pour la faire basculer dans l'aventure et l'illégalité, en compagnie d'un mystérieux pilote terrien, Ulrich Rubin.

Nicolas Bouchard signe un roman plutôt agréable, qui combine un souci certain du détail dans les descriptions du métier de Rachel et une touche comique indéniable. L'infortunée héroïne doit composer avec des situations qui frisent le scabreux, mais l'auteur la tire de là avec élégance et humour.

En fin de compte, le roman se retrouve pris un peu entre deux chaises. Ce n'est pas un roman purement humoristique, car la conclusion, qui dévoile les manipulations multiples des uns et des autres, est plutôt sérieuse. Par contre, afin de maximiser l'effet humoristique de certaines situations, Bouchard a recours à de très grosses ficelles ; le lecteur averti voit venir certaines surprises si clairement qu'il risque de refermer le livre et de se priver des ultimes rebondissements de l'intrigue.

Cependant, l'entrain de la narration devrait retenir l'attention de la majorité des lecteurs jusqu'à la fin, qui m'est apparue comme satisfaisante, quoiqu'un peu mélodramatique. Bref, c'est un livre pour les amateurs d'une aventure spatiale qui, sans avoir la texture technologique des univers de Laurent Genefort, n'est pas en carton-pâte. L'histoire sait rester à la fois vraisemblable et prenante, souvent comique, toujours animée par une héroïne comme on n'en rencontre pas beaucoup dans la SF française…

Jean-Louis Trudel → Keep Watching the Skies!, nº 34, novembre 1999

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