KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Laurent Genefort : les Croisés du vide

roman de Science-Fiction, 1998

chronique par Noé Gaillard, 1999

par ailleurs :

Laurent Genefort est devenu un prolifique auteur maison du Fleuve noir — c'est son dix-huitième titre chez l'éditeur — qui sait fournir des romans agréables à lire, à défaut d'une œuvre majeure.

Classique histoire d'une société qui change parce que son environnement se modifie… Les croisés du vide parcourent dans des cités-dirigeables les nuages toxiques d'une géante gazeuse et tirent leur subsistance du lévian, sorte de “méduse” de la taille de plusieurs baleines, qu'ils chassent. On découvre que ces animaux sont habités par le biais d'un enfant qui fait des rêves et devient le grand rassembleur, sous la férule de Sorane’Leks, la grande prêtresse qui interprète ses rêves. Ainsi de conquêtes de cités-dirigeables en relation avec les habitants des lévians, ils arrivent au jour où les lévians s'accouplent pour constituer une “terre” — on peut s'attendre à une suite…

Les personnages sont un peu simples, pas idiots mais manquant singulièrement de complexité et ce n'est pas le plus pénible de l'histoire, au demeurant agréable à suivre. Non, le plus ennuyeux est cette création relativement non justifiée d'un vocabulaire, de mots nouveaux (?). Il y eut en son temps une critique virulente dans les colonnes de Fiction — si ma mémoire est bonne — à propos de Surface de la planète de Daniel Drode(1) et de la création de style ou de langage.(2) Mais ces créations étaient justifiées, compréhensibles. Ici, elles relèvent du pur jeu “littéraire” et ne sont pas toutes bienvenues ou audacieuses.(3) Verlichen, par exemple, est un végétal qui stratifié donne le nacrel — je veux bien, mais au nom de quoi a-t-on associé vert, lichen et nacre ? Peut-être un deuxième tome nous fournira-t-il des explications précises.

J'ai l'impression d'être devant une tentative d'œuvre ambitieuse à laquelle la nécessité alimentaire et les contraintes de la collection ont rogné les ailes en obligeant l'auteur à plier son imaginaire à l'histoire. Mais que ces considérations ne vous empêchent pas de lire ce Genefort ; vous y trouverez sans doute votre compte.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 31-32, mai 1999


  1. Paru au "Rayon fantastique" en 1959 et réédité en "Ailleurs et demain/classiques" en 1976.
  2. Voir aussi la nouvelle "Locogringo troisième" de Bernard Mathon en 1973, rééditée chez DLM en 1992.
  3. Une lecture de Benveniste pourrait peut-être éclairer les apprentis créateurs de langage.

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