KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Pierre Pelot : le Nom perdu du soleil (Sous le vent du monde – 2)

roman préhistorique, 1997

chronique par Pascal J. Thomas, 1998

par ailleurs :

Le survol des côtes à la frontière entre Bengale et Birmanie est une expérience étonnante : on ne sait jamais si l'on voit des îles sur une étendue d'eau, ou une étendue de terre parcourue par d'innombrables bras de fleuves, ou de mer. Imaginez des Hommes préhistoriques, il y a un million d'années (aussi éloignés donc par le temps des héros de Qui regarde la montagne au loin, le premier Sous le vent du monde, qu'ils le sont de nous), sur les rives d'un de ces fleuves, encore au sein des terres, mais déjà majestueux et indomptable. Qu'il apparaisse sur l'autre rive une tribu un peu différente, en face du lieu de rencontre annuel des Loh de toute provenance, mais tous admirateurs d'O'hr tsh'usi, la lumière dans le ciel, et on se trouve en face d'étrangers aussi irréductibles que des habitants d'une planète voisine.

Les Hommes que décrit Pelot cette fois-ci cherchent déjà (pour certains) à apprivoiser le feu, ils ont une meilleure maîtrise du langage (ce qui ne les empêche pas d'employer encore de nombreuses périphrases), mais les émotions qui les poussent sont toujours les mêmes. Et, comme dans le premier livre, un des héros rompt avec sa tribu, entraîné par l'amour pour un membre d'un autre groupe. Ici, ce protagoniste s'appelle Aaknah, et il entraîne avec lui une poignée de Loh, pour une équipée qui, on s'en doute, n'ira pas sans tragédies.

La vie de l'animal humain était précaire à l'époque, et Pelot excelle à en rendre les terreurs : noyades, combats sans pitié aucune, attaques de félins… Mais l'Homme évolue aussi, et les rescapés qui suivent Aaknah découvriront par accident l'art de la navigation.

Dans Messager des tempêtes lointaines, son dernier (et décevant) roman de SF pour "Présence du futur", Pelot avait intégré quelques visions de savanes africaines qui préfiguraient l'ambiance de ses romans préhistoriques. Avec la “collaboration scientifique” d'Yves Coppens, le voici lancé dans un nouveau monde littéraire qui semble lui aller comme un gant, et lui apporter une considération renouvelée.(1) Le choc, et le plaisir de lecture, est moins important au deuxième volume qu'au premier, mais cela reste toujours intéressant.

Pascal J. Thomas → Keep Watching the Skies!, nº 29-30, août 1998


  1. Voir un récent article du Monde des livres, qui escamote bien entendu tous les rapports que l'auteur, ou le roman préhistorique, peuvent avoir avec la SF ; peut-être le chroniqueur se souvient-il de l'Été en pente douce, époque à laquelle le même journal considérait Pelot comme en étant à son premier ou deuxième roman, lui qui en avait déjà écrit plus d'une centaine… mais j'en doute ; la mémoire est courte de ceux qui occultent leur champ de vision.

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