KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Brian Stableford : l'Extase des vampires

(the Hunger and ecstasy of vampires, 1996)

roman fantastique

chronique par Noé Gaillard, 1998

par ailleurs :

Exemple typique de l'effet de mode : les vampires sont là, et il serait anormal qu'une maison d'édition ne propose pas de titre sur le sujet. Pour Denoël, qui prend sans doute le train en marche et en oublie de — ou ne peut — rééditer le remarquable Je suis une légende de Richard Matheson, c'est un Stableford de qualité très moyenne — on notera qu'il s'agit aussi de la première apparition de cet auteur au catalogue "Présence du futur".

Il est ici question du Comte Lugard — lisez-le en verlan — qui vole le moyen de devenir le prince de l'avenir puisqu'un certain Copplestone a vu, en voyageant dans le futur, les vampires dominer la planète. Lugard se heurte à un Grand Détective consommateur de drogue dont les aventures sont racontées par un médecin. Il ne manque qu'un air de violon…

Imaginez un roman français écrit dans le style de Chateaubriand révisé par Guy de Maupassant où se trouveraient réunis G. Eklin, Ph. Carvul, M. Jyreu, P. Polet et où l'on discuterait en conférence de l'avenir de l'Europe. Stableford justifie son emprunt de personnages (Jean Lorrain, H.G. Wells, Oscar Wilde) par le fait qu'ils sont des vecteurs, des outils et non des personnes. Cette justification donne au roman un certain cachet surtout quand l'auteur attribue à Wilde des propos intéressants — révolutionnaires ? — du type : à l'avenir, les machines domineront le monde ; ce sont elles les vampires… Le jeune Wells a raison (citation de mémoire).(1)

Pour ce qui est du reste et malgré une traduction intelligente due à Jean-Daniel Brèque — dans le sens où elle allège le style victorien du récit —, cela relève de l'œuvre mineure qui, en des temps moins préoccupés de vampirisme, n'aurait pas trouvé grâce aux yeux d'un directeur de collection exigeant.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 29-30, août 1998


  1. Cette réhabilitation de Wilde doit avoir plus d'intérêt pour un Anglais que pour un Français, peu au fait des déboires de ce remarquable écrivain salué par André Gide et dont il faut au moins avoir lu le Portrait de Dorian Gray.

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