KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Dean Koontz : Tic tac

(Ticktock, 1996)

roman fantastique

chronique par Philippe Paygnard, 1998

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Lorsque Dean Koontz décide d'écrire, selon ses propres termes, un mélange de suspense surnaturel et de comédie burlesque, cela donne Tic tac. Malgré cette volonté comique avouée, ce livre offre quantité d'occasions de frissonner en suivant la course contre la montre et contre la mort de son héros, Tuong Phan.

D'origine vietnamienne mais américain de cœur, ce dernier veut réaliser son “rêve américain”. S'il néglige les traditions familiales, c'est parce qu'il pense, à tort ou à raison, qu'il ne pourra atteindre son but qu'en devenant un véritable américain, de ceux qui travaillent dur mais en solitaire pour construire leur réussite personnelle. C'est pour cela qu'il a abandonné la boulangerie familiale pour se consacrer à l'écriture, journaliste tout d'abord, puis auteur de polars. C'est aussi pour cela qu'il a décidé d'américaniser son nom pour devenir Tommy Phan.

Tel est le portrait que Dean Koontz brosse de son héros et c'est sur cet homme, tout à la fois charmant et ambitieux, que va s'abattre une étrange malédiction. L'horreur prend ici les traits d'une banale poupée de chiffon trouvée devant la porte de sa maison. Se croyant d'abord victime d'un gang, Phan va rapidement s'apercevoir qu'une force démoniaque anime cette poupée.

Au gré de ses précédents livres, Dean Koontz avait habitué ses lecteurs à beaucoup plus de violence et beaucoup plus d'horreur. Ces éléments restent bien évidemment présents à la lecture de Tic tac, mais le romancier évite soigneusement de faire trop de mal à ses héros — il n'a par contre aucune pitié pour quelques personnages secondaires. Il est évident que ce court roman a été écrit comme un espace de détente entre deux projets plus ambitieux (Intensité(1) & Seule survivante, comme le précise Koontz dans sa postface). Il permet ainsi au romancier de libérer sa prose d'une horreur convenue et d'aller vagabonder entre les traditions asiatiques et certaines influences du moment. C'est sans doute pour cette raison que Tic tac se laisse lire si rapidement, comme une fable à la morale un peu tordue ou un bon Fleuve noir.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 29-30, août 1998


  1. Qui a déjà fait l'objet d'une adaptation télévisée diffusée en février 1997 sur la chaîne Fox. C'est Yves Simoneau qui a mis en scène ce téléfilm interprété par John C. McGinley, Molly Parker et Katie Stuart.

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