Chroniques de Philippe Curval

José Carlos Somoza : la Théorie des cordes

(ZigZag, 2006)

roman de Science-Fiction

chronique par Philippe Curval, 2007

par ailleurs :
Cordes sensibles

La Science-Fiction contamine la gent littéraire. D'une part, il y a ceux qui, comme Bernard Werber ou Jean-Christophe Ruffin, n'affirment pas qu'ils en écrivent mais s'y livrent avec un retard de soixante-dix ans. De l'autre, ces écrivains qui, comme José Carlos Somoza, subissent la fascination du renouveau. Déjà, dans l'excellent Clara et la pénombre, Somoza nous décrivait un monde ou la femme peinte existait en tant qu'œuvre d'art. Avec la Théorie des cordes, il aborde de front un thème de SF. En supposant que les particules qui composent notre univers ne soient pas “des petites boules” mais des “cordes”, une noria de physiciens s'enferme dans une île pour ouvrir les cordes du temps et regarder le passé. Mais cette vision provoque un “Impact” dont les conséquences sont fatales pour les rêves et pour la survie des participants. Dommage que Somoza s'essouffle après cent cinquante pages éblouissantes pour verser dans un polar psychologique qui sent le procédé. Car il n'atteint pas la subtile virtuosité d'un Arturo Pérez-Reverte. La Science-Fiction est affaire d'engagement. Soit l'écrivain s'y investit, avec ses risques excitants, soit il retrouve ses distances, tout nu devant une histoire qui se banalise.

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 465, juin 2007

Élise Fontenaille : Unica

roman de Science-Fiction, 2006

chronique par Philippe Curval, 2007

par ailleurs :

Si vous préférez la SF, la vraie, n'hésitez pas à lire le court roman d'Élise Fontenaille, Unica. Sur un thème original, celui des traqueurs de pédophiles sur l'internet, c'est un texte bien senti, sous l'influence déclarée de Philip K. Dick. La bizarre ambiguïté sexuelle des relations entre Unica, la petite fille aux cheveux blancs qui ne vieillit jamais, et Herb, l'ancien hacker dont le hobby est un enregistreur de rêve, ne fait qu'ajouter du sens à ce texte d'une réelle modernité.

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 465, juin 2007