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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 58 Poids mort

Keep Watching the Skies! nº 58, novembre 2007

Xavier Mauméjean : Poids mort

court roman de Science-Fiction

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chronique par Philippe Paygnard

Plus par ennui que par appât du gain, Paul Châtel, un homme très ordinaire, menant une vie encore plus ordinaire, accepte de devenir le sujet d'une incompréhensible expérimentation dont il ne connaît ni les réelles motivations, ni le véritable but.

Écrivain touche-à-tout, Xavier Mauméjean s'est déjà frotté aux divers genres de la littérature de l'imaginaire, créant souvent des mélanges inédits à l'image de Car je suis légion, véritable thriller babylonien, ou de la Vénus anatomique, intéressante relecture du mythe de Frankenstein resitué au siècle de Voltaire. Avec Poids mort, il invite les lecteurs à visiter ce qui semble être un futur assez proche, dont le décor pourrait être celui d'une grande ville contemporaine, subissant néanmoins une invasion asiatique rampante. Dans ce monde à la fois connu et inconnu, le romancier entraîne son héros dans une spirale qui ne peut que le conduire à une fin prématurée.

En acceptant de devenir le cobaye de Taxinom, une société qui s'occupe de régler tous les problèmes, Paul Châtel va donc gagner du poids, mais perdre femme et enfant. Avec un humour grinçant à souhait, Xavier Mauméjean décrit par le menu la cure de grossissement de Paul Châtel, ses doutes et ses craintes, grossièrement effacés par les cadres de Taxinom ou leurs séides.

À travers la description de Brigitte, une séductrice de cent trente kilos au service de Taxinom, on retrouve même une copie presque conforme de la déesse mère déjà dépeinte dans Car je suis légion. Brigitte serait-elle la réincarnation moderne de Tiamat, la divinité babylonienne, mère de tout ce qui existe et incarnation du chaos originel ?

Évidente critique d'une société qui honnit toute surcharge pondérale, Poids mort ne fait nullement dans la finesse et risque de heurter la sensibilité de certaines personnes. Par ailleurs, on peut regretter que la chute finale, ô combien anticipée, ne fasse guère le poids au regard du reste de ce court roman. Malgré ces quelques réserves, il est facile de se laisser prendre par ce récit rondement mené par Xavier Mauméjean qu'on ne peut que dévorer — le récit, pas Xavier Mauméjean !