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Roger Bozzetto : écrits sur la Science-Fiction

Notes pour un bilan portant sur la Science-Fiction et sa critique

Les approches originales de la Science-Fiction dans la critique québécoise

Première publication papier : Rivista di studi canadesi — Revue d'études canadiennes

Ce que l'on nomme aujourd'hui science-fiction (SF), ou encore “spéculative fiction” (SF) est un pan de la littérature occidentale qui n'a pas émergé d'un seul coup dans le champ de la critique littéraire — comme Athéna toute armée de la tête de Zeus ou Vénus sortant de l'onde. Il a d'abord fallu que l'on daigne s'apercevoir de l'existence d'un tel domaine et qu'on le constitue de façon argumentée en corpus. Puis que l'on s'interroge sur sa diversité, ainsi que sur son apparente unicité. Cela varie, selon que l'on choisit tel ou tel critère de classement Il a fallu ensuite que ces corpus, qui différaient selon les critères, les pays, les formes d'édition, etc. soient abordés avec les moyens de la critique littéraire ambiante, qui elle-même évoluait. Enfin, last but not least, il a fallu attendre qu'une critique spécifique puisse voir le jour, ce qui est advenu de façon différente selon les traditions culturelles, en France et aux USA [1]. C'est en relation avec ces travaux divers que se constitue la critique québécoise, et que sa spécificité se montre. Avant d'en arriver là, revoyons les quelques étapes qui ont amené l'émergence de la littérature critique de la SF.

La SF comme dimension spécifique de la fiction

Sans remonter au déluge, on peut considérer, aujourd'hui qu'une sorte de recensement a été conduit, en France, aux USA et au Québec, que les premières œuvres qui relèvent de cet aspect de la fiction remontent au XVIIe siècle européen. L'imagination est articulée à l'exploration de nouveaux paradigmes fondés sur de nouveaux savoirs. Le premier récit, Somnium de Kepler est contemporain de la condamnation de Galilée [2]. Il présente la première mise en fiction d'une imagination appuyée sur une connaissance neuve : c'est ainsi qu'il figure, en, fonction des connaissances de l'époque, comment devraient apparaître à nos yeux les sélénites [3]. Ce récit sera suivi du texte de Cyrano de Bergerac — qui fictionnalise l'“eppur si muove” dans le début du Voyage dans la Lune… et de l'anticipation avec Epigone, Histoire du siècle futur (1659) de Jacques Guttin. Le XVIIIe siècle ajoutera la thématique les hybrides avec la Découverte australe de Rétif de la Bretonne, la parodie humoristique du thème du Huron avec le Micromégas de Voltaire et le texte anti-humaniste de Swift dans le quatrième voyage de Gulliver. Le XIXe siècle retrouvera et exploitera ces thèmes en ajoutant entre autres ceux de l'anticipation technique : la machine et de ses conséquences (Ignis de Chousy) ; la dimension de critique politique (Looking Backward 2000-1888 de Bellamy) ; les erreurs archéologiques avec Mellonta tauta d'Edgar Allen Poe ; l'exploration péri-lunaire et du centre de la Terre avec Jules Verne, la terre creuse avec la Symzonia de Seaborn ; les successeurs de l'homme avec la Race future de Bulwer Lytton ; les diverses modalités des fins de monde avec Rosny ou Wells, etc. Ces thèmes étaient traités chaque fois dans un roman particulier. Mais le développement de revues qui se sont spécialisées a entraîné, pour un public plus fruste, une amplification de la production et une multiplication des hybridations entre ces thèmes. Ceci est particulièrement vrai aux USA, où le terme/label de "science fiction" a été inventé par Hugo Gernsback, en 1926, pour distinguer sa revue Amazing Stories où il le réfère à des auteurs comme Poe, Verne et Wells, d'autres magazines comme Weird Tales.

Emergence d'une première critique de ces textes

En France, des auteurs reconnus comme Rosny, Maurice Renard ou Wells publiaient ce type de textes et des revues comme le Mercure de France en rendaient compte. Ce n'était pas le cas des auteurs plus populaires qui écrivaient pourtant le même type de récits dans les mêmes revues comme le Journal des voyages par exemple. Sous le nom de roman de “merveilleux scientifique”, Maurice Renard en donne une première approche, plus spirituelle qu'opératoire.

« Une fiction qui a pour base un sophisme, pour objet d'amener le lecteur à une contemplation plus proche de la vérité, pour moyen l'application des méthodes scientifiques à l'étude de l'inconnu et de l'incertain » [4].

Aux USA, devant la diversité des thèmes et la multiplicité des récits le problème de leur classification s'est posée, tout comme celui d'une lecture critique. Elle a commencé dans le courrier de ces revues étasuniennes, où des lecteurs ont fait part de leurs goûts pour tel ou tel auteur, ou bien ont éreinté tel texte, passant progressivement d'une affirmation minimale du genre, "j'aime/je n'aime pas" à des développements plus argumentés.

La recherche d'une définition qui rende compte de l'ensemble des œuvres de ce domaine, tout comme la recension du champ des œuvres qu'il est censé concerner, sera d'ailleurs, dans les années 1950-60, le champ clos des recherches en France, avec Pierre Versins et Jacques Van Herp [5].

Parallèlement des écrivains comme Maurice Blanchot, des linguistes comme Georges Mounin posent la question des rapports de ce genre avec la poésie ou les autres œuvres littéraires [6].

Dans le domaine anglo-saxon, la proposition de définition la plus nette, portant sur l'aspect sémantique, est proposée par Kingsley Amis :

« Récit en prose, traitant d'une situation qui ne pourrait se présenter dans le monde que nous connaissons, mais dont l'existence se fonde sur l'hypothèse d'une innovation quelconque, d'origine humaine ou extraterrestre, dans le domaine de la science ou de la technologie, disons même de la pseudo-science ou de la pseudo-technologie » [7].

Le critique étasunien Leon Stover proposait une analyse du phénomène en relation avec ce qu'il nomme fort curieusement la “culture américaine” [8]. Mais c'est Thomas Clareson qui va créer aux USA la revue Extrapolation, où la critique de SF est pour la première fois promue au rang de production universitaire, et se déploie dans de multiples directions, sans prendre pour visée une spécificité de la critique du genre [9].

Ce bref survol avait pour but de situer l'émergence de la critique québécoise de SF dans une chronologie et des thèmes de recherche.

Une lecture critique originale de la SF

La véritable émergence de la critique de SF au Québec date de 1968, où Darko Suvin — qui co-fondera en 1973 Science fiction studies avec R.D. Mullen — donne une première version de sa définition opératoire de la SF dans une conférence présentée à l'université de Yale. S'appuyant sur une lecture des formalistes russes pour l'effet de “singularisation” d'un événement, et sur Bertholt Brecht pour l'aspect de “distanciation”, Suvin développe l'aspect “cognitif” de ces deux effets, qu'il lie à la construction d'un univers différent de celui, empirique, de l'auteur (et du lecteur). Il aboutit donc à une définition structurale du genre de la SF, liée plus tard à la notion d'innovation (le "novum"), qui place ces textes non dans des références à un contenu, comme le fait encore Amis, mais à une visée du genre :

« La science-fiction est donc un genre littéraire dont les conditions nécessaires et suffisantes sont la présence et l'interaction de la distanciation et de la connaissance, et dont le principal procédé formel est un cadre imaginaire, différent du monde empirique de l'auteur » [10].

Cette approche du genre par l'aspect formel et non plus par le contenu référentiel a été une percée importante pour l'approche des textes de SF. D'autant que cela se doublait d'une mise en comparaison avec les genres proches de l'Utopie, des voyages extraordinaires, de la vulgarisation scientifique, etc. [11]. Dans cette perspective, on pouvait alors mettre en relation l'émergence de ce type de fiction — c'est-à-dire la naissance d'un paradigme notionnel nouveau dans le cadre de la fiction, lié au développement d'une approche scientifique du monde — avec les œuvres de Galilée, Kepler, Descartes etc…

Darko Suvin travaillait alors à l'Université McGill avec Marc Angenot, qui abordait le problème du rapport au monde empirique selon un angle différent, dans le cadre de son article sur ce qu'on peut définir comme le miroitement du paradigme référentiel dans la science-fiction qui situe ses univers dans des ailleurs [12]. En d'autres termes il s'interroge sur la nécessaire présence dans le texte de science-fiction d'un certain nombre d'indices qui permettent au lecteur de référer par analogie, ce qu'il lit, bien que ce soit censé se situer dans un ailleurs, à des formes connues. le paradigme empirique n'est pas vraiment absent, il est in absentia, c'est-à-dire en filigrane.

Mais l'apport de Marc Angenot ne se limite pas à cet aspect de la question. Il aborde l'émergence du genre littéraire de la SF sous un aspect institutionnel. Il s'intéresse à la SF avant Jules Verne, qui le premier cristallisera, autour de son nom et de son œuvre, un modèle de discours littéraire prenant en compte la présence de la science et de la technique comme fait à la fois présent et légèrement anticipé. Ce ne sera pourtant qu'en 1926 que se créera effectivement le genre. Pourquoi ? Pour qu'un genre se constitue, selon Angenot, trois conditions sont nécessaires. La rencontre entre une attente diffuse du public, la présence d'œuvres diverses qui semblent y répondre et un zeste de légitimation critique. Ce qui, selon Angenot a bien eu lieu aux USA en 1926 [13]. Avec la création des magazines étasuniens spécialisés pour répondre à une attente optimiste à propos de l'avenir, qui entraîna la une publication de nombreux auteurs sur ces thèmes, et un début de légitimation par le courrier des lecteurs. On retrouvera le même phénomène en France dans les années 1951-2 lors de la greffe du genre de la SF anglo-saxonne sur le terreau français.

Les deux auteurs en question, qui ont dirigé à plusieurs reprises Science fiction Studies, ont contribué à donner à cette revue, qui est aujourd'hui publiée aux USA, le statut de bible de la critique de SF, dans le monde entier [14].

C'est pourtant un autre auteur, Guy Bouchard, qui a tenté d'aborder selon un axe différent les univers de la fiction en général et de la SF en particulier dans son ouvrage provocateur, qui prend les différentes définitions données de la SF, pour les mettre en travail, dans une optique qui combine la sémiologie et la combinatoire. Cet ouvrage est à la fois passionnant et difficile à utiliser, mais on y apprend que compte tenu d'un ensemble de critères, il existerait un nombre fini mais très élevé d'univers possibles de la SF, alors que les romans réalistes seraient bien moins représentés [15].

Le dernier en date des auteurs québécois en tant que critiques de SF est Richard Saint-Gelais [16]. Son ouvrage prend en compte et utilise intelligemment les notions mises en avant à la fois par Thomas Pavel et par Umberto Eco [17]. Celles de “mondes possibles”, d'“encyclopédie”, et celles d'interaction du lecteur et de l'œuvre. Mais il met ces notions au service d'une approche originale des textes de SF, aussi bien francophones qu'anglophones et donne l'impression agréable d'une approche nouvelle, qui donne sens à des tentatives parues ci et là.

Après les approches sociologiques de Darko Suvin et de Marc Angenot, ou les univers multiples de Guy Bouchard, le Québec nous présente donc — avec cet ouvrage de Richard Saint-Gelais — une ouverture originale sur les univers qu'imagine la SF par le fait de ses pratiques textuelles.

Ici, la SF n'est plus saisie à partir de ses thèmes ou d'une définition générique, mais comme pratique discursive singulière, avec de nombreuses ouvertures sur les modernités — et même la postmodernité —, et que Saint-Gelais examine en détail selon plusieurs entrées.

L'ouvrage se présente en trois parties et neuf chapitres. Quatre sont consacrés à un balisage du domaine par comparaison avec l'anticipation, l'uchronie et le roman policier. Il prend en compte, ce qu'on oublie souvent, la vitesse — entendue ici comme le traitement pris en charge par le texte pour raccourcir le chemin entre le rêve et sa traduction littéraire : l'hyper-espace par exemple (p. 90). Autre élément qui n'apparaît pas dans le titre des chapitres mais qui demeure sous-jacent : une comparaison avec des ouvrages de mainstream, ce qui permet de dessiner une évolution de la production de SF et de donner à la new wave un statut proprement original du point de vue du traitement littéraire. En effet, le résultat de ces fines comparaisons, saisies d'abord au plan strict de l'usage des temps dans la narration, permet d'analyser la SF comme un ensemble de procédés, liés à un “dispositif d'écriture” (p. 84), et qui évolue.

Saint-Gelais incite à distinguer la présence et les effets propres à l'écriture dans ce qu'on prend pour des thèmes comme l'anticipation ou la création de mondes parallèles. Il conduit à s'interroger ainsi sur la création par des dispositifs narratifs d'effets qui seront perçus comme thèmes dans le cadre d'une lecture “naïve”. De même l'analyse de ce que l'on nommait auparavant la “caution scientifique”, permettant une certaine vraisemblance aux intrigues les plus imaginatives — qui entraînait l'illusion que les scientifiques se servaient de la SF pour dire en catimini ce que leur devoir de réserve leur interdisait — est ramenée à de plus humbles proportions.

La SF, pose Saint-Gelais, se sert des “mots de la science” (p. 93) mais leur usage n'est en fait que diégétique. Ils servent simplement de “colmatage” de l'impensable par le moyen d'un jargon afin de créer une “illusion référentielle” (p. 94). Ce renversement de point de vue, qui privilégie les effets produits par les dispositifs narratifs au lieu d'une approche thématique, aboutit à faire du texte, et non plus de l'intrigue, le terrain d'une lecture en forme de quête de sens — puisque la déstabilisation des cadres de référence (lieux, temps, énonciation) est obtenue par des procédés narratifs. On retrouve là quelques-unes des intuitions du “nouveau roman” des années 60, ici représenté par un texte de Claude Ollier (p. 125)

La seconde partie, composée de deux chapitres, aborde la SF au plan du lecteur, et y envisage divers “dispositifs de lecture”. Saint-Gelais commence par envisager la SF dans le cadre d'une problématique qui la saisit comme une tension paradoxale entre récit narratif et usage d'une “encyclopédie” — au sens qu'emploie Umberto Eco. La tension, dit Saint-Gelais, est résolue différemment selon les époques de la SF. Au départ une stratégie privilégiant le souci didactique : les discours techniques freinent la narration. Par la suite, les récits deviennent de plus en plus libres et les mondes où se situent les intrigues sont à recomposer par le lecteur simplement à l'aide de quelques indices textuels. Saint-Gelais propose ainsi une évolution de la lecture de la SF, depuis les premiers récits à la “stratégie didactique” (p. 141), vers des textes où les marques d'altérité — l'encyclopédie de l'univers ainsi présenté — se font de plus en plus ténues. Ce qui pose la question des limites du genre par rapport au mainstream ainsi que celle de la qualité de lecture du lecteur.

La troisième partie permet d'aborder d'autres problèmes. En particulier les réflexions sur les “artefacts science-fictionnels” ou sur Star Trek. Saint-Gelais aborde dans cette troisième partie la question de l'aspect “postmoderne” de la SF. En caricaturant un peu, sa thèse est la suivante. La SF, dans l'âge d'or se présentait (parfois à tort, ainsi que Saint-Gelais le montre) comme naïve présentation, au degré zéro de l'écriture, et s'offrait comme l'illustration fantasmée de thèmes scientifiques. Elle se voit promue, par et après la New Wave, comme lieu et moyen d'exploration de subtils dispositifs textuels. Le texte de SF devenant alors par lui seul le lieu et le moyen de l'expérience science-fictionnelle, comme chez Ballard, Dick ou Delany (p. 247). Il en découle une sorte de dualité dans le champ de la SF. D'une part des récits relevant d'une SF catégorisée, “mimétique” d'un futur dont les indices servant à la reconnaissance immédiate sont clairs, et où les trajets de personnages types sont bien pris dans le cadre d'une intrigue Ceci pour des lecteurs naïfs. D'autre part des récits littéraires dont la lecture doit être orientée vers les “dispositifs textuels” et dont il semble que l'appartenance à la SF, sans être mise en doute, n'en soit plus qu'un aspect marginal. C'est du moins ce qu'on peut déduire (peut-être à tort) de ces propositions. On y reconnaît la théorie des formalistes à propos de la créativité littéraire résultant de la “dénudation des procédés”.

Conséquence non abordée : ces deux types de SF, celle des récits et celle des textes, ne s'adressent pas au même type de lecteur. Les lecteurs ont-ils évolué en même temps que la textualité de la SF ? Y a-t-il un “lecteur idéal” (Eco) de la SF ?

On ne peut que souscrire à une approche qui renouvelle notre perception du genre SF. On remarquera cependant qu'à trop mettre l'accent sur la textualité on perd peut-être la spécificité du discours propre à la SF, dont le sens n'est pas questionné ici.

Il n'existe pas d'“école québécoise” de la critique, concernant la SF. Cependant, on notera de substantielles différences avec le champ critique anglo-saxon et avec la critique en France.

Aux USA, où les abords critiques ne manquent pas, il semble ne pas y avoir de théorisation. Chaque auteur critique y va de sa lecture, souvent pertinente, mais presque jamais vraiment théorisée, c'est-à-dire applicable à d'autres textes. Ce sont des commentaires d'œuvres ou où le “savoir faire” est plus important que le fondement théorique.

En France, après les “débroussailleurs” que furent Pierre Versins et Jacques Van Herp, on a vu deux lignes critiques hétérogènes : celle de Gérard Klein, sociologique dans la mouvance sociocritique de Lucien Goldmann, et celle psychanalytique de Marcel Thaon [18]. Mais depuis la critique de SF française se cherche.

Le Québec a proposé des approches critiques successives qui peuvent apparaître comme un approfondissement de propositions initiales. La définition formaliste donnée par Darko Suvin a été complétée par l'enracinement institutionnel du genre par Marc Angenot. Les univers de Guy Bouchard avec ce que leur étude des mondes possibles offre, malgré leur extrême abstraction, sont de même complétés par une prise en compte des lectures interprétatives par Richard Saint-Gelais.

Notons enfin un dernier point : les propositions des critiques québécois ont toujours été articulées au grand mouvement critique en littérature. C'est vrai de Darko Suvin et du formalisme russe, de Marc Angenot et des chercheurs belges comme Jacques Dubois, de Thomas Pavel pour Guy Bouchard, et d'Umberto Eco pour Richard Saint-Gelais. Les auteurs québécois ont intelligemment appliqué à la SF, pour en faire ressortir l'originalité, les avancées critiques venues d'ailleurs. Ce faisant ils ont permis à certains des critiques de réviser ou de réajuster quelques-unes de leurs notions, de nuancer certains de leurs propos. Cette interaction entre la recherche critique dans le domaine de la SF et l'ailleurs représente, ce me semble, ce qui caractérise le mieux l'originalité, et l'aspect roboratif, innovant, de la critique québécoise de science-fiction.

Notes

[1] Pour des questions de place et dans le cadre d'un article, je n'envisage pas les critiques d'autres pays. Mais il serait bon de rendre ici hommage aux critiques italiens que sont Carlo Pagetti et Gianni Montanari, pour ne citer que ces deux parmi les plus anciens.

[2] Roger Bozzetto : "Kepler's somnium" or "the Missing link". Science Fiction Studies, novembre 1990.

[3] « il y a une période de la civilisation occidentale où la pensée mythique s'affaiblit et disparaît au profit, d'une part, de la réflexion scientifique, de l'autre au profit de l'expression romanesque. Cette scission s'effectue au xviie siècle ». Entretiens Claude Lévi-Strauss/Didier Eribon : De près et de loin. Odile Jacob, 2001, p. 243.

[4] Maurice Renard : "Du roman de merveilleux scientifique et de son action sur l'intelligence du progrès". In : le Spectateur, nº 6, octobre 1909, p. 245-261.

[5] Piere Versins  : Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction. Lausanne : l'Âge d'homme, 1972.
Jacques Van Herp : Panorama de la Science-Fiction. Verviers (Belgique) : Marabout, 1973.

[6] Georges Mounin : "Poésie ou Science-Fiction ?". In : les Temps modernes, nº 119, novembre 1955, p. 740-746.
Maurice Blanchot : "Du bon usage de la science-fiction". NRF, nº 73, janvier 1959, p. 91-100.

[7] Kingsley Amis : l'Univers de la Science-Fiction (New maps of hell. 1960). Payot, 1962.

[8] Leon E. Stover : la Science-Fiction américaine. Aubier Montaigne, 1972.

[9] En 1970, T.D. Clareson publie un choix des meilleurs articles d'Extrapolation ce qui donne S.F.: The other side of realism. Des index avaient été par ailleurs publiés, avec Bleiler, Day, puis le NSFA-MIT, annuel. En 1972, T.D. Clareson nous propose le premier panorama du genre critique dans S.-F. criticism: an annotated checklist.

[10] Darko Suvin : "Connaissance et distanciation : introduction à la poétique de la science-fiction". in Pour une poétique de la Science-Fiction. P.U. du Québec, 1977, p. 15.

[11] Darko Suvin : "La Science-Fiction et la jungle des genres, un voyage extraordinaire". In : Littérature, nº 10, mai 1973, p. 98-113.

[12] Marc Angenot : "le Paradigme absent". In Poétique, nº 33, février 1978, p. 74-89.

[13] Marc Angenot : "The Science fiction before Jules verne". In : Science fiction studies, vol. 5, nº 14, 1980. p. 58-70
Marc Angenot : "la Science-Fiction, genre et statut institutionnel". In : Revue de l'Université de Bruxelles , nº 3 & 4, 1980.

[14] Science fiction studies <www.depauw.edu/sfs/>

[15] Guy Bouchard : les 42210 univers de la Science-Fiction. Québec : Le passeur, 1993.

[16] Richard Saint-Gelais : l'Empire du pseudo — Modernités de la science-fiction. Québec : Nota Bene, 1999.

[17] Thomas Pavel : Univers de la fiction. Seuil, 1988.
Umberto Eco : Les limites de l'interprétation. Grasset, 1990.

[18] Gérard Klein : "Trames et moirés". In Science-fiction et psychanalyse : l'imaginaire social de la S.-F. Dunod, 1986 p. 44-146.
Marcel Thaon : "Psycho-histoire de la Science-Fiction". In : ibid, p. 10-46

Les références bibliographiques sont sous la seule responsabilité de Roger Bozzetto ; celles qui ont été vérifiées par Quarante-Deux sont repérées par un astérisque.