KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Serge Brussolo : les Geôliers

roman de Science-Fiction d'horreur, 2017

chronique par Philippe Paygnard, 2017

par ailleurs :

Profitant de l'évasion de Debbie Fevertown, Humphrey Mallory tente lui aussi d'échapper au piège mortel qu'est Dipton. Mais chaque arbre et chaque buisson qui entourent la ville peuvent se révéler comme le pire des prédateurs.

Après une introduction qui fleure bon le thriller fantastique, Serge Brussolo s'ingénie à brouiller les pistes en faisant apparaître une menace extraterrestre, à moins qu'il ne s'agisse simplement des délires d'une meurtrière psychopathe. En trois chapitres servant de préambule à son nouveau roman, Brussolo nous fait ainsi découvrir trois personnages qui ont un rôle à jouer dans l'intrigue surréaliste des Geôliers. Il y a donc Humphrey Mallory que l'on entraperçoit en train de fuir dans les bois de Dipton. Puis, un an et un chapitre plus tard, c'est Debbie Fevertown que l'on croise au sein de la communauté millénariste d'Elliott Elliott III. Enfin, quinze ans après, c'est Jillian Caine, jeune scénariste qui est embauchée par le sulfureux réalisateur Dieter Jürgen pour écrire le biopic de la meurtrière Debbie Fevertown. C'est finalement à travers les yeux de Jillian et grâce à son enquête sur Debbie que l'on va découvrir l'étrange ville de Dipton, avec son culte dédié aux arbres, et ceux qu'à voix basse on nomme les Geôliers.

Qu'il nous entraîne au fin fond de l'espace avec Frontière barbare (2013) ou au cœur d'un polar noir et torturé tel que Tambours de guerre (2015), Brussolo réussit toujours à surprendre. Certes, on identifie sans peine les thématiques récurrentes présentes. Il y a ainsi cette idée d'hybridation improbable entre l'Homme et la Machine que l'on retrouve dans nombre de ses livres et qui est ici déclinée en d'effrayants métissages entre l'humain et le végétal. Les arbres et la forêt, qui jouent souvent un rôle important dans l'œuvre du romancier, prennent des formes inattendues dans les Geôliers et participent pleinement à l'atmosphère si particulière de ce récit. Avec ce roman, Brussolo va nous apprendre à craindre l'ombre des sous-bois à la lisière d'une ville, Dipton, qui n'est pas sans évoquer la cité de Dunwich créée par H.P. Lovecraft dans sa nouvelle "l'Abomination de Dunwich" (1929). D'ailleurs, la lecture de certains chapitres des Geôliers fait irrésistiblement songer aux ambiances poisseuses de la plupart des œuvres de l'auteur de Providence. Ainsi, le vénérable chêne, présent depuis des lustres sur votre chemin, va bientôt prendre des allures inquiétantes car il est peut-être un envoyé de Dipton.

Mêlant les genres, thriller, Fantastique, Science-Fiction, Serge Brussolo nous emporte une nouvelle fois dans l'un de ces univers torturés dont il a le secret. Il n'est d'ailleurs pas certain que chaque lecteur puisse échapper aux terribles geôliers de Dipton !

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 81, décembre 2017

Lire aussi dans KWS une autre chronique de : les Geôliers par Noé Gaillard

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