KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jacques Barbéri : Mondocane

roman de Science-Fiction, 1990 & 2016

avec un album de musiques inspirées du roman

chronique par Noé Gaillard, 2017

par ailleurs :

Ma dernière lecture de Barbéri, celle de Mémoires de sable (cosigné avec Emmanuel Jouanne), m'ayant laissé sur ma faim, j'ai pris mon temps pour m'attaquer à celui-là.(1) Après lecture, j'ai cherché mondocane là où on trouve à peu près tout : un film de 1962 porte le même nom, une animalerie belge aussi, et c'est un juron italien — on se souvient que Barbéri traduit cette langue — que l'on pourrait rendre par chienne de vie. Et j'avoue que, pour mon goût, cela évoque assez bien le roman.

Dans un monde où manifestement les IA commandent, une guerre éclate. Jack, un officier qui nourrit les IA, vient juste de tomber amoureux. La guerre ravage tout, et Jack se réveille sept ans plus tard avec deux monstres à son chevet. Il a passé ces années en léthargie et doit reprendre conscience du monde tel qu'il est. Barbéri imagine des monstres gentils issus naturellement ou accidentellement de cette guerre. Et l'on constate que si physiquement ces gens, ces animaux sont difformes, modifiés, ils conservent un côté humain. Ce sont les enfants nés après guerre qui sont porteurs d'espoir ; ils sont télépathes et lucides, et dans le même temps très affectueux. Jack voudrait savoir ce qu'est devenue celle qu'il aime et il part vers le nord accompagné de deux enfants. Avec l'aide d'un autre “sur-vivant”, ils mettront fin à la menace qui pèse sur ce monde.

Barbéri est un inventeur de monde. Avec des habitants humains ou non. Pour vous donner une idée, on pourrait le situer entre J.G. Ballard, Jack Vance, Pierre Dac et les Surréalistes. Si vous arrivez à voir l'amalgame… On dira Vance et les Surréalistes pour la forme et la vie des monstres ; Ballard et Dac pour les comportements entre clinique et détaché… Et les quatre pour une poésie certaine.

Pour ce qui est de la musique signée Palo Alto & Klimperei, je dirai d'abord qu'elle est “audible”. J'entends par là qu'elle ne fera pas grincer des dents aux puristes de tout genre — quels que soient ces genres. Un de mes moyens pour juger d'une musique est de l'écouter en faisant autre chose — il y a sans doute plus subtil… Si ce que j'écoute retient mon attention, m'écarte de mon activité, je confère à la musique des qualités et je l'écoute autrement. Là, au milieu de l'enregistrement, la musique a pris le pas… et sans évoquer les mêmes passages que ceux indiqués par les titres. J'ai apprécié l'univers créé.

Bonne lecture/écoute.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 81, décembre 2017


  1. Et ce d'autant qu'une première version a paru voici un quart de siècle sous le titre de Guerre de rien.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.