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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 61 Nostradamus s'en va-t-en guerre

Keep Watching the Skies! nº 61, décembre 2008

Jean-Yves Le Naour : Nostradamus s'en va-t-en guerre : 1914-1918

rédactionnel

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chronique par Éric Vial

Ce livre d'histoire plutôt bref, enlevé et distrayant, est consacré aux prédictions controuvées, prophéties apocryphes et manipulées, superstitions diverses, discours millénaristes et déferlement de spiritisme ayant marqué la première guerre mondiale. Cela suffirait à justifier qu'on le signale ici, le paranormal examiné à la façon d'un entomologiste ne pouvant que réjouir l'amateur de S.-F., dès lors qu'il cultive les vertus croisées du rationalisme et de l'ironie. Par ailleurs, un premier chapitre traite de "la Guerre qui vient (1871-1914)" et présente, au pas de course, un panorama d'anticipations guerrières relevant de la prospective et de la proto-S.-F. Il faut cependant avouer que, faute sans doute de place et de temps, ce n'est pas la partie la plus réussie de l'ouvrage. On déplorera ainsi l'absence par exemple de Robida, ou l'affirmation rapide, et de seconde main, selon laquelle la guerre est « le thème de prédilection de la littérature d'anticipation », ce qui se discute ou devrait être replacé dans un contexte très précis. De même, dans la conclusion, l'amateur pourra s'irriter de trouver sur le même plan, pour cause de grand succès, une politique-fiction allemande de 1913 décrivant le démembrement de la France et les vaticinations de Joséphin Peladan, le “Sar”, l'un et les autres étant classés comme « littérature prophétique », ce qui ne se défendrait que moyennant d'assez longs développements. Bref, l'amateur pourrait espérer mieux pour ce qui est de sa chapelle, et juger qu'un travail plus approfondi sur les anticipations guerrières ne serait pas un luxe, et qu'entre fictions publiées et lues comme telles d'une part, prédictions et pratiques magiques de l'autre, la confusion n'est pas de très bon aloi. C'est d'autant plus regrettable qu'il s'agit pour l'essentiel du propos d'un travail de qualité, original, astucieux, agréable à lire et tout à fait inscrit dans les recherches les plus actuelles, bref qu'on pourrait souhaiter lire, du même auteur, à côté de ce Nostradamus et avec les mêmes qualités, une sorte de “Verne et Wells s'en vont en guerre”.