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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 61 Galaxies

Keep Watching the Skies! nº 61, décembre 2008

Pierre Gévart : Galaxies : 1 bis, été 2008

revue de Science-Fiction

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chronique par Pascal J. Thomas

Voici donc enfin la résurrection du magazine lancé par Stéphane Nicot (depuis devenu Stéphanie, ce qui, sans qu'elle quitte le milieu de S.-F., l'a accablée d'assez de nouvelles activités pour qu'elle abandonne la direction de sa revue). Menée par Pierre Gévart, connu pour ses activités dans le fandom (prix Pépin de la nouvelle ultracourte, fanzine Géante rouge, organisation de conventions…) la nouvelle équipe intègre quelques membres de l'ancienne, notamment Olivier Noël à la coordination de la partie critique. Et ce premier numéro reprend des dossiers, ou des fragments de dossier, prévus pour l'ancienne revue : le dossier sur Alastair Reynolds dû à Gilbert Millet, l'entretien avec Joëlle Wintrebert dû à Olivier Noël. Tout cela a vieilli, et aurait mérité un coup de mise à jour. On ne peut en faire le reproche au regretté Gilbert Millet. Mais dire que l'on publie un entretien avec Wintrebert à l'occasion de la sortie de la Chambre de sable, et ne pas souffler mot du roman dans les questions, c'est un peu maladroit…

Quant aux chroniques de livres, en dépit d'intentions très strictes annoncées aux futurs chroniqueurs, elles laissent place à de belles échappées autant qu'à de plats résumés, et à des notules de peu d'intérêt. Sans compter les interventions éclectiques de Pierre Gévart lui-même. Plus distrayant que le vieux Galaxies (pas dur !), parfois brillant, mais pas forcément de premier plan.

Et les nouvelles, alors ? L'ancien Galaxies s'était toujours fait gloire de privilégier le littéraire par rapport au rédactionnel. Déception ici aussi ; il est vrai que je suis loin d'être un passionné des deux vedettes du numéro (Alastair Reynolds et le couple Belmas). Le premier donne une nouvelle qui peut intriguer par son ressort schizophrénique (non que cela soit bien nouveau), mais manque de conclusion — reconnaissons honnêtement que dans l'interview accolée, quand son inquisiteur lui laisse (chichement) la parole, l'auteur avoue son peu de goût pour les récits fermés et les feux d'artifice finaux. Quand aux Belmas, ils poursuivent leur exploration des Terres Mortes, sorte de mise à jour de la S.-F. “politique” française des années 1970 agrémentée de quelques éléments de Fantastique. Je n'ai jamais accroché, et mon opinion sur ce texte aura donc peu de valeur — je me suis ennuyé, mais je dois reconnaître qu'il brasse des idées plus variées que d'habitude, ce qui lui donne nettement plus de bouquet.

À part ça, Georges Panchard donne sans doute la meilleure nouvelle du numéro, drôle et méchante — mais sans guère d'originalité dans le contenu, ce qui gêne un peu. On y retrouve le milieu de l'entreprise si bien mis en scène dans Forteresse. Le reste me laisse une impression d'inachevé, de débuts de texte qui auraient pu aller quelque part s'ils en avaient eu le temps et l'espace. Et quel besoin d'aller chercher un auteur américain peu connu, s'il refait moins bien ce que Robert Sheckley faisait il y a cinquante ans ?

Reste ce dont vous aurez sans doute entendu parler à l'envi, la présentation du numéro, et pourquoi il est “1 bis” et non pas 1 tout court — parce que le premier tirage, décidément trop désastreux, a dû être entièrement détruit. On compatit, mais on se dit que dans l'intervalle entre les deux tirages, les concepteurs de la chose auraient pu repenser leurs choix de polices de caractères et de maquette (seule la rubrique Critiques ne laisse pas un sentiment d'étouffement graphique), et vérifier des choses aussi bêtes qu'une présentation uniforme des signatures des chroniqueurs de livres (que l'on voit tantôt en italique, tantôt en romain). Mais la question ne m'intéresse que médiocrement. Galaxies a des projets et une feuille de route ; nous verrons bien si dans quelques numéros on pourra la lire avec plus de plaisir…