Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 60 un Chœur d'enfants maudits

Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008

Tom Piccirilli : un Chœur d'enfants maudits

(a Choir of ill children)

roman fantastique

 chercher ce livre sur amazon.fr

chronique par Jérôme Charlet

C'est une bien belle plume que voilà.

Une nouvelle vague d'écrivains d'Horreur commence à arriver en France. D'une écriture profondément poétique, leurs textes proposent un réel très terre à terre, une vie très quotidienne, dans laquelle se mêlent des éléments coup-de-poing d'une grande violence.

C'est précédé de cette réputation que nous arrive un Chœur d'enfants maudits.

Et l'histoire en est à la fois diablement naturaliste et fantastique. Thomas, homme en pleine force de l'âge et à la tête de l'énorme entreprise familiale qui fait vivre tout le comté de Kingdom Come, dans le sud des États-Unis, mène une vie tout ce qu'il y a de banale. Toutes proportions gardées. Car il doit s'occuper, en plus de la population locale qui ne le voit que dans sa fonction, de ses trois frères siamois, reliés les uns aux autres par les os de leur crâne.

C'est alors qu'éclate une tempête ; temps de saison pour la région, mais elle pourrait bien n'être en rien naturelle…

Je ne souhaite pas vous en dire plus de l'histoire qui s'étale langoureusement ici, et dont les minuscules pièces de puzzle s'emboîtent peu à peu tout au long du roman (depuis la raison de la tempête, jusqu'à l'histoire de ses parents, de sa grand-mère…)

Je me contenterai de vous dire combien on sent que l'auteur aime ses personnages. Tous ses personnages. Depuis le fils du pasteur de Kingdom Come, à moitié fou (ou touché par la Grâce Divine ?) jusqu'aux innombrables rôles féminins qui tissent littéralement l'une des toiles de fond les plus importantes du roman (la vieille sorcière et sa fille, la jeune journaliste venue chercher le scoop dans la maison de Thomas et de ses frères…)

Combien l'écriture, ciselée et précise, de Tom Piccirilli, vous transporte au-delà d'une sensualité, certes présente mais tellement moins centrale que la corporéité. Le corps pour le corps, presque chirurgicalement, proposant en cela une fidélité à l'atmosphère générale de Kingdom Come. Magnifique tour de force. De plus, je me suis surpris, très souvent, tout au long de ma lecture, à fredonner quelques chansons du grand Nick Cave. On est ici totalement dans l'atmosphère moite de the Carny, ou de sa reprise de the Carnival is over.

Que dire enfin de ce roman, initiatique ? Le rôle de chaque homme est de trouver sa place, au milieu du poids que lui confère ses actions. De résoudre le destin presque karmique que lui ont tracé les actes de ses parents et grands-parents. Chacun doit trouver et garder sa place, telle est l'apprentissage qui est fait tout au long du roman, version bayou des enseignements des grands sages indiens.

Aussi, c'est peu dire que je vous recommande plus que chaudement ce roman, qui vous collera à l'âme très longtemps après votre lecture. Je me suis personnellement précipité sur d'autres romans de Piccirilli, et on annonce, en France, la traduction prochaine d'autres de ses textes… Une affaire, tout comme un auteur, à suivre…