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Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008

Thierry Di Rollo : Cendres

nouvelles de Science-Fiction

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chronique par Jérôme Charlet

Thierry Di Rollo. À ce nom, j'ai les poils des bras qui se hérissent par avance, à la fois d'appréhension et de plaisir. Jamais écrivain ne m'avait encore mis en face d'images comme les siennes : sans concession et terriblement réalistes. Mon premier choc, alors j'avais à peine plus de vingt ans : Number Nine. Un roman lourd. Fascinant. Puissant.

Aussi, c'est avec fébrilité que j'ai acheté son petit recueil dans la belle petite maison d'édition les Trois souhaits. L'ouvrage propose quatre nouvelles, parues sur dix ans d'écriture, et montre donc un écrivain dans son évolution. Impression mitigée pour moi.

La première des nouvelles, "Cendres" justement, nous fait plonger dans un camp de réfugiés diablement contemporain. Et diablement oublié aussi. La question qui sous-tend le texte est simple : Que deviennent les protagonistes quand un conflit n'est plus couvert par les caméras ?

La même question de l'écrasement de l'humain par les médias est traitée dans la deuxième nouvelle : "Jaune papillon". Un vieux monsieur qu'on kidnappe, et à qui on fait subir des atrocités sans nom… Pourquoi ?

La nouvelle inédite du recueil propose ensuite un point aveugle : l'homme sans surveillance ni risque de représailles. Le thème de l'anneau de Gigès version trash. "les Hommes dans le château", ou les déliquescences humaines.

Enfin, "Quelques grains de riz". Là encore, les obsessions humaines, tout comme le rôle du média. Un obsédé des Beatles veut tourner le clip parfait. Jusqu'au bout.

L'ensemble du recueil s'organise donc autour d'une thématique forte. L'écriture est maîtrisée dans les quatre nouvelles, et le système imagier de Thierry Di Rollo, basé sur des coups de poing visuels assénés à répétition au lecteur, fonctionne à plein.

Mais je suis ressorti du recueil assez froid, malgré tout. Cette débauche d'images plutôt vomitives, pour faire passer des idées finalement vues et lues un certain nombre de fois, n'a pas réussi à me convaincre. Entendons-nous bien, ce n'est pas un puritanisme opposé aux images chocs et autres pressions psychologiques glauques qui m'anime ici. Mais la version qui en est donnée, à la limite du gratuit, du gadget, ne réussit pas à me convaincre.