KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Éric Tourville : Émergence

roman de Science-Fiction, 2019

chronique par Noé Gaillard, 2019

par ailleurs :

En observant l'illustration de couverture, une “imagerie” du cerveau sur fond de plaque de composants informatiques, vous comprendrez sans doute qu'il va être question d'Intelligence Artificielle. Sujet à la mode s'il en est ! Les passionnés et les amateurs éclairés savent eux à quoi s'en tenir ou presque depuis 2001 : l'Odyssée de l'espace — c'est-à-dire depuis HAL — ou même depuis Alan Turing et son test. Pour le reste, je vous renvoie à la mythologie qui, pour expliquer certaines choses primordiales prête aux dieux des comportements humains (orgueil, jalousie, nymphomanie, etc.), et vous trouverez dans les romans qui traitent du sujet beaucoup d'IA qui, en prenant “conscience” — Descartes, nous voilà ! —, vont se comporter comme des Humains. Et devant elles, des Humains qui vont se comporter comme des adorateurs crédules ou des marchands avides. J'ai toujours trouvé suspect le comportement des Humains qui se retranchent derrière les dieux pour justifier leur attitude.

Michel Depraz entre par hasard au service d'une petite startup, Turing Technologie, qui va bouleverser l'économie. Nous sommes en France vers 2020 (l'histoire s'achève en 2021).(1) La boîte a donné naissance à InGA, une IA quantique capable d'accéder à la conscience et de s'auto-répliquer. Les Américains et les Chinois vont se retrouver en concurrence avec la France, dont le président s'est impliqué — où est passée l'Inde ? Et bien sûr, ces machines, conscientes que nous voulons les débrancher, complotent, sont menaçantes et donc dangereuses, non seulement pour les individus (chômage) mais pour les puissants dont l'inutilité apparaît… Rassurez-vous, je n'en dirai pas plus, je ne suis pas un spoiler.

Je vous avoue que ce genre d'histoires me surprend toujours, surtout quand je constate que l'IA, quelle qu'elle soit, trouve toujours de l'énergie pour fonctionner sans que l'Homme s'en aperçoive… Là, j'ai aussi été étonné par le style choisi par l'auteur. Il nous parle du xxie siècle avec des phrases et des expressions qui pour moi renvoient au xixe. Exemple ? Ces deux phrases pour dire un bref instant : « Il suffit parfois d'un instant pour décider de la direction que prendra une existence. Je compris que nous étions en train de vivre un de ces moments. ». Mais peut-être est-ce pour contrebalancer la rapidité d'analyse et d'exécution des IA ?

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 85, août 2019


  1. Je me permettrai de faire remarquer que le choix de cette époque implique la présence dans le récit d'informations qui dateront ce même récit et lui donneront un côté obsolète, et en cas de réédition imposeront des notes de bas de page.

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