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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 24-25 les Ouraniens de Brume – 2

Keep Watching the Skies! nº 24-25, juin 1997

Joëlle Wintrebert : les Ouraniens de Brume

roman de Science-Fiction pour la jeunesse ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

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Contrainte de l'exercice, ce livre devait être bref et illustré — on pourrait s'y dispenser de décrire personnages et paysages, en se reposant sur le fort agréable travail de Pilorget, pourtant Wintrebert s'est ici surpassée dans la création et la description des décors de son action.

La brièveté impose donc aux auteurs de romans pour la jeunesse des contraintes propres. Ainsi les caractères des personnages transparaissent-ils immédiatement, et j'ai trouvé que le livre manquait de surprises au niveau de la situation coloniale [1] qui règne sur la planète Brume : tant le gouverneur, Orson Zaka, que les extra-terrestres affublés du sobriquet de vampires endossent bien vite leurs rôles de gredin et de martyrs (respectivement), alors qu'on nous laissait entendre que ceci était ignoré de la protagoniste, Éden.

C'est que le livre entend se concentrer sur les rapports paradoxaux qui vont se nouer entre Éden et Orson Zaka par l'intermédiaire de son fils Nyiel. Là encore, j'ai trouvé que les loyautés basculaient bien vite. Que le livre manque des ambiguïtés de la vie, c'est compréhensible vu le public auquel il est destiné (9-12 ans annoncés — ce qui signifie que quiconque a douze ans révolus le rejettera avec horreur) ; je n'y ai pas retrouvé cependant l'humour de la Fille de Terre Deux ou la cruauté de Nunatak.

Il faut croire que ce livre est ciblé de telle façon que le lecteur que je suis ne peut plus y rentrer — par faute d'être trop vieux, d'ouvrir un livre destiné à un public trop jeune, ou plus subtilement de l'évolution des exigences des éducateurs et des éditeurs à l'égard des lectures destinées à l'enfance. Ainsi, Joëlle Wintrebert me dit que la réédition prévue de Nunatak se verra quelque peu édulcorée ; ainsi j'ai relevé avec curiosité la liste des mots expliqués en note au jeune lecteur. Qu'il soit censé connaître shake-hand et ignorer in extremis, passe encore, mais j'ai du mal, hélas, à croire que de nos jours il faille expliquer à un jeune le sens du mot génocide.

Notes

[1] On notera avec intérêt la similitude avec la Nouvelle-Calédonie bien réelle d'un autre roman de Joëlle Wintrebert, roman historique celui-ci, les Diables blancs.

››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 24-25.