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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 21-22 Bifrost 2

Keep Watching the Skies! nº 21-22, septembre 1996

Olivier Girard : Bifrost 2

revue de Science-Fiction & de Fantastique ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

 Détail bibliographique dans la base de données exliibris.

« Toute l'actu », annonce en grosses lettres vertes la couverture de ce second numéro de Bifrost. Et, plus discrètement, les noms des auteurs des quatre nouvelles qui y figurent. Cela résume bien, à mon sens, le tour général que prend la revue, qui brille plus par ses rubriques que par sa fiction.

Détaillons.

Sur quatre nouvellistes, tous francophones, on retrouve les deux présents dans le nº 1 de Galaxie (Boireau & Lehman), et trois sur les quatre (Lehman, Delsemme, Raveau) sont dans le nº 3 de Destination Crépuscule. On dira au choix que c'est une génération montante d'auteurs de SF francophones, ou le signe de la taille réduite d'un milieu pas encore assez régénéré. La qualité des textes, jointe aux appels peut-être maladroits de l'éditorial à nouveaux auteurs, me ferait pencher vers la deuxième hypothèse. En fait de nouvelles, les trois premiers textes sont surtout des vignettes, presque statiques, passées au prisme d'un point de vue à la Ballard : détaché, impuissant à agir sur les événements souvent catastrophiques qui forment l'arrière-plan des textes. Inutile de dire que le style de Ballard est rarement au rendez-vous, même si Delsemme fait texte de sa texture très grenue, et si Boireau campe des personnages un peu gauchis et émouvants dans leur désir de communication. Passons sur l'imagerie rock naïve de Raveau, et venons-en à Lehman, qui lui, au moins, campe un personnage actif — faisant lui aussi face à un cataclysme inévitable, il se bat avec rage et ingéniosité, pour en arriver à une sorte d'apocalypse belle sinon forcément efficace. Lehman esquive, comme souvent, la clôture, mais infuse à ce texte plus de vivacité que de coutume. Pas autant d'imagination baroque que dans le texte du nº 1 de Galaxies, plus d'homogénéité — pas assez pourtant pour pousser au-delà d'une mention “honorable” l'ensemble des fictions du numéro.

Les rubriques, elles, foisonnent. Les critiques de livres de David Sicé — marquées par une omniprésente tiédeur — sont certes beaucoup plus courtes que celles que nous privilégions ici. Girard n'a peut-être pas encore trouvé le ton juste — son éditorial expliquant le nom de la revue est plutôt rigolo (mais maintenant que nous savons qu'il faut le décomposer en Bif Röst et non Bi Frost, n'y aura-t-il pas quelques vaches, ou quelques fous, pour le surnommer Rost Bif ?). Il commet aussi dans ses reportages de conventions l'erreur de les juger à l'aune des foires commerciales qu'elles ne sont pas (pour ça, nous avons le Salon du Livre). Réaction d'amertume hélas commune aux éditeurs qui n'ont pas vendu sur leur stand le nombre désiré d'abonnements.

Mais Bifrost remplit un besoin avec ses flashes d'information, et laisse la place à des rubriques originales, comme celles sur les “petits maîtres de la SF”, ou le coup de vitriol de Stolze, qui est beaucoup plus méchant sur le numéro SF de Textes et documents pour la classe que nous le sommes — sans doute parce qu'il en tient l'influence pour plus importante que nous. J'aimerais pour finir, moi qui ne suis pas rôliste, distinguer “Ludicophagie”. Vue sa diffusion, Bifrost ne pouvait se permettre de négliger le jeu de rôle, mais ça fait plaisir de lire une rubrique qui se pose des questions intelligentes.