Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 1 Ivoire

Keep Watching the Skies! nº 1, mai 1992

Mike Resnick : Ivoire

(Ivory)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Markus Leicht

 Chercher ce livre sur amazon.fr

Après lecture, Ivoire laisse dans la tête un goût de classique de l'âge d'or. Un peu à la manière de Fondation d'Asimov. À la différence près que le roman de Mike Resnick est une œuvre tout à fait récente. Comme si la S.-F. avait soudain besoin de faire un retour sur elle-même pour se retrouver après une longue période de recherche et d'expérimentation, et trop souvent, hélas, d'égarements.

Dans ce même courant néo-classique, je classerais l'Arbre à rêves de James Morrow ou Baleinier de la nuit — déjà un peu plus ancien — de Robert Young, pour ne citer que deux cas exemplaires.

La ressemblance avec Fondation ne s'arrête d'ailleurs pas là puisqu'Ivoire se compose d'une succession de nouvelles. Nouvelles d'un intérêt inégal : la seconde moitié de l'ouvrage étant plus originale que la première. Mais Resnick sait captiver ses lecteurs pour que la lecture en soit toujours agréable.

En 6303 de l'Ère Galactique, Duncan Rojas est chargé par Bukoka Mandaka, le dernier des Masaïs, de retrouver les défenses du mythique éléphant du Kilimandjaro. Sans quitter son bureau Duncan se lance avec l'aide de son ordinateur, à la chasse au trophée. Une chasse qui va l'emmener très loin à travers le temps et l'espace.

Cela nous vaut une passionnante suite de nouvelles où se retrouvent tous les genres : space opera, Policier, politique-fiction, récit de brousse, humour… le tout pas toujours dans un cadre S.-F. puisque "le Chasseur" se déroule par exemple en 1885, tandis que "Lui-même", se déroule en 1898 de note ère. De plus, chaque récit est suivi de la narration de l'enquête elle-même, chargée d'assurer l'homogénéité de l'ensemble.

Le résultat est un voyage chargé d'émotion et de tendresse à travers l'histoire des Masaïs, de l'Afrique de la fin du xixe siècle jusqu'aux frontières d'un immense empire galactique de rêve.

Seul reproche, que certains jugeront sans importance et qui en fera hurler d'autres : le background, la toile de fond de cet univers, n'est pas très crédible. En effet, comment imaginer une absence d'évolution sociale ou technologique sur une période de six mille ans ? Ici les innovations importantes semblent se limiter, en dehors des voyages dans l'espace, à des ordinateurs à commande vocale dotés de la parole, ainsi qu'à une maîtrise technique assez élaborée des hologrammes. Comme si le développement des voyages spatiaux devait bloquer toute forme d'évolution.

Mais l'histoire est suffisamment forte pour faire oublier ces quelques lacunes.

Par contre, attention au portefeuille ! Pour la publication française, le roman, qui fait quatre cents pages, a été coupé en deux minces volumes. Ce qui met l'ensemble à près de 100 FRF. Un peu cher pour du semi-poche, non ?