Chroniques de Philippe Curval

Colin Marchika : les Gardiens d'‘Aleph-deux’

roman de Science-Fiction, 2004

chronique par Philippe Curval, 2004

par ailleurs :
l'Antichambre de l'espace

Bon an mal an, c'est une agréable surprise d'assister en France à la naissance d'un écrivain de qualité. Avec les Gardiens d'‘Aleph-deux’, Colin Marchika nous offre, pour cette rentrée, un roman qui sort de l'ordinaire. Ce qui devient une gageure en Science-Fiction : quatre-vingts ans d'histoire du genre ont suscité tant d'idées qu'il s'avère difficile d'innover. Surtout à travers l'un des thèmes les plus exploités, celui de la conquête intersidérale. Adoptant un point de vue radical, Marichka choisit d'évacuer son sujet. C'est au lecteur de l'imaginer à partir d'une construction mathématique minutieusement élaborée qui va conduire les personnages du récit à expérimenter la méthode du voyage. Tout commence par la façon dont le génial Hendricks découvre comment replier l'espace grâce à la théorie des gnomons, chère à Thalès. Oui mais voilà, quand on accède à Aleph-un, cette zone inimaginable où l'on passe instantanément de la Terre à Alpha du Centaure, par exemple, le corps se démultiplie, et les pilotes souffrent de troubles psychiques affolants. Howard, le premier d'entre eux, a même atteint Aleph-deux, dont personne ne parvient à saisir le concept. Des cyborgs résistent mieux au stress, mais ils se révoltent. Le cartel FeCoNiCuZn cherche à doubler la puissante Académie Tsialkovski qui détient le secret du transfert vers les exploitations minières. Jusqu'à ce qu'un Indien génial découvre le point d'ubiquité ; au moment même où une intelligence artificielle se crée d'elle-même pour s'interroger sur le sens de la condition humaine.

Les Gardiens d'‘Aleph-deux’ est un roman stratégique, une étrange partie d'échecs qui oppose l'Homme à ses vertiges cosmiques. Colin Marchika, dont on devine parfois l'inexpérience, élabore avec intelligence l'effet Science-Fiction grâce à sa prose mesurée, son humour feutré, son esprit de spéculation débridé. En refermant la dernière page, j'ai éprouvé le même plaisir qu'à la lecture de mon premier roman de SF. Quel choc délicieux !

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 436, novembre 2004, sous le titre de : "l'Heure des gnomons"

Évelyne Pieiller : Dick, le zappeur de mondes

essai, 2004

chronique par Philippe Curval, 2004

par ailleurs :

Parmi les olni (objets littéraires non identifiés), je vous conseille le travail d'Évelyne Pieiller, Dick, le zappeur de mondes dans la collection contre nature créée par la Quinzaine littéraire et Louis Vuitton, "Voyager avec…". Ce découpage savant de textes, de photos et de courtes introductions éclaire subtilement les itinéraires intérieurs de Philip K. Dick, cet exilé du réel.

Jean-Luc Rivera et al. : la Gazette fortéenne, nº 3, 2004

revue spécialisée

chronique par Philippe Curval, 2004

par ailleurs :

Quant au troisième volume de la Gazette fortéenne, il nous catapulte en compagnie d'exégètes retors dans l'univers du paranormal et du fait stupéfiant. En vedette, les Hommes et les dinosaures ont-ils coexisté ?

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 436, novembre 2004

Lire aussi la chronique du [numéro 1][]