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Michel Jeury : la Conspiration des Trois-Noms

Intégrale des nouvelles

Machine donne !

Arche Kantiac… Ulysse Tang ne savait pas lire mais il reconnut quelques lettres, et d'abord le "K", qui était la dernière du mot "Bank". Tous les mendiants savaient lire le mot "Bank". Kantiac : station de distribution deux étoiles, à proximité d'Asitayac, province de Kroma.

L'homme du petit train avait dit à Ulysse : « Une deux étoiles avec le rendement d'une trois étoiles et même un peu plus ! ». Et il avait raconté : « À Kantiac, les machines donneuses te filent même des dix écus ! Et elles ont un quota terrible. Trente mille, je crois. ».

Maintenant, Ulysse était là, au milieu de la foule qui se pressait devant l'arche et tout autour. L'homme du petit train n'avait pas parlé de la cohue. Logique, pensa Ulysse, pluie d'écus fait sortir les escargots-mendigots !

La station distributrice ressemblait à une entrée de métro ancien style, dressée sur un terre-plein, à l'écart des innombrables petites maisons éparpillées à travers la vallée. Dès qu'une station a l'air un peu plus généreuse que les autres, il y a dix mille copains qui viennent planter leur boîte à aumône dans le quartier ! Dix mille était le plus grand nombre qu'Ulysse connût. Dans son esprit, c'était presque la moitié de la population terrestre. Mais il ne savait pas ce qu'était la Terre. Et il ne savait pas compter plus loin que deux cents écus. La plupart des humains âgés de moins de soixante ans étaient illettrés. Ils ne savaient que mendier et cela leur suffisait puisque les machines se chargeaient de tout.

Ulysse s'approcha de la station et se mêla à la foule, un peu trop bruyante à son goût, rassemblée sur le parvis et aux environs. Trois ou quatre machines donneuses se tenaient sous l'arche. De tous les côtés, à travers la rumeur joyeuse et avide, s'élevait la prière : Machine donne ! Machine donne !

Les machines s'agitaient en cliquetant. Des hommes, des femmes, des enfants, beaucoup d'enfants juste en âge de porter une boîte, s'extirpaient de la cohue avec des rires joyeux, des cris obscènes et des gestes de victoire.

« Les machines donnent bien ! » s'exclamaient sur un ton gourmand ceux qui attendaient leur tour.

Des robopols — ou popols — surveillaient les files d'attente et s'efforçaient de limiter les bousculades. Leur rôle était aussi de protéger à l'occasion les honnêtes mendiants contre les voleurs et les tricheurs.

Ulysse tira le scratch de son blouson, caressa le couvercle de sa boîte à aumônes, alluma sa pipe et grogna en réponse à un vieux type qui lui demandait s'il faisait partie d'une bande. Il était un peu déçu et il hésitait à s'approcher davantage. Son tour ne viendrait pas de sitôt et le soleil était déjà haut. Il n'était pas obligé de mendier le jour de son arrivée.

Au milieu de la file, des excités sautaient en l'air, agitaient les mains, les pieds et les oreilles en criant : Machine donne ! Machine donne ! Comme si les vaches à écus allaient jeter leur manne à la volée ! Les aumônes étaient toujours déposées par la pince adéquate dans la boîte personnelle, incassable et inviolable de chaque mendiant. Ainsi, la machine pouvait pointer les oboles précédentes et s'assurer qu'il n'y avait pas de tricherie. Les machines ont des moyens mystérieux pour s'assurer que les Humains ne trichent pas. Et pourtant, il y a encore des malins qui arrivent à les tromper. On se demande, non sans fierté et non sans inquiétude, si quelques Humains ne seraient pas aussi intelligents que les machines !

Les popols voguaient comme des danseurs ivres sur leur coussin d'air. Ils avaient déployé les flexibles pareils à de longs serpents multicolores qui leur servaient de bras. Ils se mirent à crier : « Finie l'aumône ! Plus d'écus pour aujourd'hui, finie l'aumône ! ». Ils avaient une voix aiguë et plaintive qui prêtait à rire.

La foule gronda : Machine donne ! Machine donne ! Quelques mendigots s'enfuirent pour échapper au fouet des flexibles. Ulysse se trouva en face d'un popol. Un éclair blanc scia l'air au ras de son visage. Un sentiment bizarre, qui ressemblait à l'humiliation, lui traversa le cœur. Il fit un bond de côté. Les popols enroulaient leur fouet en donnant l'impression de s'asseoir sur leur derrière.

Une distributrice ânonna : « La station ne reçoit que sept cents mendiants par jour. ».

Les questions fusèrent.

— « C'est combien, sept cents ? C'est plus que mille ?

— C'est moins que mille, mais c'est assez pour un jour. »

La machine agitait ses tentacules et sa grosse tête carrée, pareille à un poste de télévision portatif, lançait des éclairs multicolores du plus bel effet. Elle déclara sur un ton pompeux : « Notre station a distribué, aujourd'hui 13 août 2087 à 17 h 40 mn, la somme de 29 977 écus. Demain, ouverture à seize heures. Nous attendons tous ceux qui n'ont pu être servis aujourd'hui. Le quota de trente mille écus pourra être dépassé. Qu'on se le dise.

» Notre périodicité est de quatorze jours. Ceux qui ont été servis aujourd'hui pourront se représenter le 27 août. Cinq tricheurs ont été pris sur le fait. Ils seront fouettés ce soir sur le podium de la cathédrale de distribution d'Asitayac avec beaucoup d'autres. Venez nombreux mendier dans la province touristique de Kroma. Tous les soirs, spectacle gratuit de supplices au grand podium de la cathédrale ! »

Ulysse se dirigea vers le campement de tentes et de baraques, qui donnait à la vallée verdoyante l'aspect d'une tenue camouflée. Quelques mendiants se pressaient devant une cabine de change avec leur boîte pleine d'aumônes. C'était la traditionnelle pagode en réduction d'un beau jaune d'or. Sur le toit du dernier étage, clignotaient les quatre lettres les plus célèbres du monde : Bank. Ulysse s'approcha de la cabine. Il n'avait pas de pièces à déposer, puisqu'il n'avait pas mendié depuis la veille. Il lui fallait en retirer quelques-unes de la banque pour ses menus frais. Il visita par acquit de conscience sa boîte à aumônes. Pas de miracle : elle était vide. Il sortit du change avec trente écus en poche. Après avoir étudié un moment, de loin, le camp et les baraques, il se mit à la recherche d'un hôtel pour la nuit. À quoi bon faire des économies ? Avant le retrait, son compte frôlait les deux cents écus, maximum toléré par la loi des machines. Il lui était arrivé de dépasser les deux cents écus : on lui avait confisqué la différence. Il aimait trop mendier. Demain, il irait de nouveau tendre sa boîte en criant : Machine donne !

Dix-sept écus pour la chambre, huit pour le repas du soir, deux pour le petit-déjeuner : un tarif pour mendi-nababs, pensa Ulysse, à peine contrarié. En Kroma, tous les mendiants étaient riches, du moins ceux qui prenaient la peine de balader leur sébile carrée sous la pince des machines.

À l'hôtel, il bavarda avec les clients et les robots. Dans ce pays, n'importe quel idiot fier de l'être pouvait piéger trente écus par jour. Quelqu'un qui avait le cœur à peigner et un peu plus de flair qu'un sac de patates synthétiques devait toucher cinquante à quatre-vingts écus !

Ulysse loua un scooter Kanashiwa 30 cm3 pour deux jours. Le robot du garage refusa sa carte de crédit : « Ici, c'est la campagne. Les cartes, vous savez… ». Il dut retourner à la pagode chercher des pièces. En outre, c'était deux fois plus cher qu'à Paris, douze écus par jour. Mais Ulysse le savait par expérience : dans les provinces rurales, il n'est pas possible de mendier sans véhicule. Il partit en exploration sous un ciel bleu comme l'œil d'un popol. Les machines faisaient-elles la pluie et le beau temps ? Les avis étaient partagés à ce sujet. Et quelle importance ?

Machine donne ! Machine donne ! Les gosses gueulaient la prière aux donneuses avant de savoir dire : « Papa-Maman. ». C'était normal. Mais Ulysse n'avait jamais compris pourquoi les trois quarts des mendiants bramaient leur Machine donne ! Machine donne ! alors que la distributrice la plus proche était à cinq kilomètres. Dans l'espoir que Dieu, c’est-à-dire God, le Grand Ordinateur de Distribution, les entendrait et leur chierait des écus dans la bouche au milieu du désert ? La survivance de ces vieilles superstitions épatait Ulysse comme tout mendiant raisonnable. Lui, en tout cas, préférait économiser son souffle.

Arche Gom, Arche Rock, Arche Baran, Arche Komark… Il avait décidé de repérer toutes les stations à une heure de moto, soit trente kilomètres à la ronde, et de noter leurs heures d'ouverture. Quelques-unes étaient déjà en pleine action avant midi : les sans étoiles, bien sûr, les donne-petit, mais ça valait quand même la peine de tendre sa boîte. Au début de l'après-midi, Ulysse s'arrêta dans un restaurant où les robots étaient d'un beau jaune de pagode. Il compta les écus dans sa boîte : dix-neuf. Il venait de faire une des meilleures matinées de sa vie. Machine donne ! Machine donne ! Il décida de s'offrir du foie gras au caviar, une spécialité de cette pimpante auberge. Il repartit la panse pleine et l'âme attiédie.

Il dut mettre pied à terre sur une route défoncée, envahie par l'herbe et les broussailles. Il tira ses tennis une bonne demi-heure et tomba sur une sorte de temple abandonné, rouillé et cabossé, qui était une ancienne station distributrice. La tristesse lui coinça le cœur. Il avait envie de crier Machine donne ! Machine donne ! C'eût été une profanation. Il passa en silence et retrouva la grand-route un peu plus loin.

Les donneuses de Kantiac furent plutôt larges de la pince ce soir-là, et Ulysse oublia sa mélancolie avec vingt-cinq écus d'aumône.

Entre la banque et l'hôtel, il s'entendit interpeller : « Alors, camarade, la boîte est lourde ?

— Légère comme un sac de bulles ! Je viens de passer à la banque. »

C'était l'homme du petit train. Ulysse ne l'avait pas reconnu dans son accoutrement de robot-clown : une chemise qui semblait peinte par une machine à main, un short en imitation de peau de bête et des sandales à lanières d'un modèle inusité et sûrement peu pratique. Peut-être était-ce une façon d'intéresser ou d'attendrir les donneuses.

— « Content, Ulysse ? »

Ulysse convint qu'il n'était pas trop mécontent : « Je pourrai dormir sur ma boîte à aumônes pendant trois jours. Mais je crèverais d'ennui. Mendier, c'est vivre, hein ? Alors, je vais être obligé de manger du foie au caviar à tous les repas, à moins que je ne trouve quelque chose d'encore plus cher. Qu'en penses-tu, camarade ?

— Le foie au caviar, ça finit par être indigeste. Mais je connais un moyen de mendier tous les jours en faisant boîte nette chaque soir, de vivre comme un roi sans jamais s'ennuyer et de ne pas risquer l'indigestion plus d'une fois par semaine !

— Trop beau pour être vrai. » ricana Ulysse. « Et ce serait quoi, ce moyen ?

— Très simple : entrer dans un groupe de mendiants.

— J'ai déjà entendu ça. Les mendigroupes, c'est du folklore pour liseurs de vieux bouquins. J'en ai jamais vu un seul : ça ne peut pas marcher et c'est interdit par la loi.

— Peut-être que tu n'as pas de très bonnes lunettes, Ulysse. Parce qu'il y en a et ça marche. Ici, c'est la campagne. La loi, tu sais… »

Ulysse rentra à l'hôtel, pensif et agacé. Il commanda pour son dîner du saumon aux vrais champignons : le plat le plus cher du menu. Le robot clignota de son voyant jaune.

« Je ne vous promets rien. Nous sommes en rupture de stock. Vous ne préférez pas un beefsteak synthétique à la purée d'hydropatates ? »

Ulysse avait appris à être poli avec toutes les machines et pas seulement avec les donneuses. Et puis, il était superstitieux. Si jamais elles s'en allaient ? Qu'est-ce que nous deviendrions sans elles ? Il retint donc la réflexion qui lui montait aux lèvres : Est-ce que tu te fous de moi, robot ? Ou en langage moins conventionnel : Tu charries, machine ?

C'eût été une bonne idée de trouver quelqu'un à inviter, homme ou femme. Mais, renseignements pris, tous les mendiants et mendiantes avaient la même difficulté pour dépenser leurs aumônes. Un espoir : les fainéants. Il y en avait quand même quelques-uns au pays de Kroma. Un serveur lui expliqua où se trouvait leur quartier, dans une boucle de la rivière, à proximité de la petite ville d'Asitayac. Il avait toujours aimé les fainéants. Il se promit de leur rendre visite le lendemain et de leur abandonner ses aumônes de la journée.

Il partit très tôt pour essayer de se rendre à une station qu'il avait repérée sur la carte. Arche Ka… Il ne savait pas reconnaître les autres lettres, ce qui était sans importance. Pour aller à Ka…, il fallait traverser une rivière qui semblait assez large et dont il ne put déchiffrer le nom. Il erra longtemps à la recherche d'un pont. Il ne put trouver mieux qu'une barque en bois, conduite par un robot bringuebalant et un peu bigle qui refusa de prendre sa moto. Ulysse préféra renoncer. Les stations de distribution ne manquaient pas sur la rive droite et, de toute façon, il mendiait pour les fainéants. Au moment de repartir, il vit arriver une donneuse, reconnaissable à sa tête carrée, munie de nombreux senseurs, à son œil vert, couleur de charité, et à sa pince à aumônes, qu'elle portait avec embarras, comme un parapluie au soleil. Elle se déplaçait sur ses trois roues en s'aidant de son bras de secours, symétrique de la pince. Il est assez rare que l'on rencontre des donneuses loin de leur station. Mais le cas échéant, l'expérience prouve que ça peut être une aubaine.

Pourquoi ne pas nouer la conversation et peut-être même faire un bout de chemin ensemble ? L'erreur à ne pas commettre était de commencer par crier Machine donne ! Machine donne ! Ulysse apprit que la donneuse était en congés et qu'elle allait visiter des “grottes à peintures” du côté d'Asitayac.

« Pourquoi y a-t-il des peintures dans les grottes ? » demanda Ulysse.

— « Ce sont des peintures préhistoriques, » raconta la donneuse sur un ton pédant, « c'est-à-dire faites par les Hommes d'avant les machines. »

Ulysse accueillit cette explication insensée par un soupir qui le dispensa de hausser les épaules. Est-ce qu'il y avait des Hommes avant les machines ? Et pourquoi faisaient-ils de la peinture dans les grottes au lieu d'aller mendier ? Tout cela n'avait aucun sens. Ulysse aida la donneuse à s'installer sur le siège passager de la moto. Il la conduisit à proximité d'une grotte, mais il refusa de l'accompagner à l'intérieur. Avant de s'en aller, comme il était un mendiant conscient et organisé, il tenta sa chance et balança en riant sa boîte encore vide. Machine donne ! On ne doit jamais laisser passer une occasion de crier à l'aumône. La donneuse alluma son œil vert.

« En principe, je ne suis pas de service. Mais vous avez été tellement gentil avec moi. On voit bien que vous aimez les machines. Alors… »

Elle tendit sa pince, crocheta la boîte d'Ulysse et versa dedans trente écus d'obole.

Ce que les gens du pays appelaient le “camp des fainéants” n'était qu'un camping sauvage, avec des tentes en simili-peau de bête et des huttes de bois, coquettes mais sommaires. Environ quinze adultes, dont une majorité de femmes en robe claire et quelques enfants demi-nus, paressaient gracieusement dans l'attente des visiteurs, peu nombreux à cause de l'heure tardive : les mendiants dînaient et se reposaient après une dure journée de travail.

Ulysse avait apporté quatre-vingts écus en petites pièces, qu'il comptait distribuer une à une. Il avait prévu que les fainéants seraient quatre ou cinq fois plus nombreux. Devinant son embarras, une jeune fainéante vint à sa rencontre. Au lieu de roses ou d'iris, des bisons, des cerfs et toutes sortes d'animaux en voie de réapparition faisaient la ronde sur les volants de sa robe.

Elle sourit, le prit par la main et lui fit visiter le campement avec un sourire prometteur. Il se laissa guider docilement. L'affaire de cinq minutes. Puis elle lui proposa d'aller ensemble au supermarché d'Asitayac et il accepta.

« Excellente idée. Nous ferons des achats. »

Mais elle refusa de monter sur sa moto.

— « Je préfère marcher à pied. C'est mieux pour bavarder. »

Bavarder ? C'était une façon comme une autre de fainéanter.

En chemin, elle lui raconta qu'elle appartenait à un groupe.

« Vous savez » dit-elle, « que les groupes de mendiants sont interdits par la loi des machines…

— La loi des machines est la loi. La loi tout court !

— Bon, si vous voulez. Mais les machines tolèrent les groupes de fainéants, alors nous demandons à nos amis mendiants de s'associer avec nous pour nous aider… Et voilà comment on s'y prend pour pigeonner les machines ! » ajouta-t-elle en riant. « Je m'appelle Mona-Lisa. »

Il avoua que lui, c'était Ulysse. L'idée de pigeonner les machines l'indignait, mais il ne le dit pas. Une déception l'attendait en arrivant au magasin : les portes étaient fermées. Cependant, la jeune femme le conduisit par une entrée discrète, derrière le bâtiment.

Elle frappa de façon convenue et cria : « Ouvre, Léonard, c'est Mona-Lisa ! ».

Un petit homme au torse nu, élégamment tatoué, les accueillit avec chaleur et les guida le long d'un escalier sombre qui descendait au sous-sol.

— « Les robopols de surveillance sont habitués à nous. » expliqua Léonard. « Ils ne nous font pas trop d'ennuis. Et à cette heure, les machines de service sont déconnectées. On va voir Raphaël. »

Ils arrivèrent tous les trois dans une cave longue et basse, pauvrement éclairée par trois ou quatre bougies. Un autre fainéant, torse nu lui aussi, était occupé à badigeonner un mur. Ulysse retint le rire qui lui montait à la gorge. En s'approchant, tiré par Mona-Lisa, il vit que l'homme peignait des sortes de figurines qui évoquaient des animaux en voie de réapparition.

— « Drôles de bêtes, hein ? » fit-il poliment.

Raphaël se retourna vers les visiteurs, son pinceau dans une main, sa chandelle dans l'autre.

— « Des bisons… J'ai trouvé le modèle dans une grotte. »

Ulysse hocha la tête sans bien comprendre. Les fainéants d'Asitayac étaient les gens les plus étranges qu'il ait jamais rencontrés. Mona-Lisa lui serra le bras avec force.

— « Nos artistes peuvent travailler grâce à l'aide de généreux mendiants comme toi, Ulysse. C'est important pour l'avenir de l'Homme ! »

L'avenir de l'Homme, se demanda Ulysse, qu'est-ce que c'est que ça ? Il fouilla dans son sac à pièces et les écus tintèrent. Le peintre eut un grand rire qui souffla sa bougie.

— « Encore vingt mille ans et nous inventerons les machines qui feront ça beaucoup mieux que nous ! »

Première publication

"Machine donne !"
››› Univers 1988 (anthologie sous la responsabilité de : Pierre K. Rey ; France › Paris : J'ai lu 2354, mars 1988 (15 mars 1988))