KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jean-Pierre Boudine : le Paradoxe de Fermi

roman de Science-Fiction, 2002

chronique par Noé Gaillard, 2015

par ailleurs :

Ce court roman bénéficie chez Denoël d'une postface de Jean-Marc Lévy-Leblond. Elle commence ainsi : « La dizaine d'années écoulée depuis la première parution de ce livre(1) n'en a certainement pas diminué l'angoissante actualité. » et ce qui suit se situe manifestement dans notre aujourd'hui — le roman a été entièrement révisé par l'auteur, et actualisé.

Je suppose que parmi ceux qui lisent ces lignes beaucoup connaissent le paradoxe de Fermi, mais comme il figure en quatrième de couverture je vais me permettre de le rappeler : « dans un univers aussi vaste que le nôtre, l'espèce humaine ne peut pas être la seule douée d'intelligence : alors où sont les autres, où sont les traces radio de leur existence ? ». Cette idée donne son titre au roman et sert de sujet de discussion pour la dernière partie.

Robert Poinsot raconte les derniers mois d'une époque — la nôtre en gros. Il a trouvé refuge dans un petit coin perdu des Alpes. Il n'attend plus que l'arrivée des barbares… Mais auparavant, il a vécu la dégringolade de la société humaine, on dira au stade microcosme, pendant qu'elle avait lieu au niveau macro. De petit groupe en ville ouverte, il finit avec un groupe par rejoindre une autre bande qui se charge de récolter tous les savoirs pour qu'à l'avenir tout puisse renaître. C'est avec ce groupe qu'a lieu une longue conversation avec le paradoxe de Fermi comme “base”. Mais les barbares se font de plus en plus menaçants puisque les problèmes climatiques sont entrés dans une spirale infernale… Robert prend soin de protéger au mieux son manuscrit, et décide d'attendre.

C'est sans appel et d'une grande noirceur. Le héros n'en est pas vraiment un, il n'y a pas beaucoup d'action, pas de grandes scènes de violence ou “romantiques” et je vois mal tout cela sur petit ou grand écran. Mais le pessimisme de l'auteur semble pleinement justifié par ce qu'il fait raconter par son personnage. Il suffit qu'une partie du système s'effondre pour entraîner l'effondrement total… Imaginez que toutes les espèces douées d'intelligence subissent le même processus que la nôtre et vous aurez résolu le fameux paradoxe… Il n'y a pas de raison pour que cela ne puisse fonctionner de la sorte. Et comme le dit un personnage : « Nous sommes trop intelligents pour exister durablement. ».

Pour une fois (?), l'intérêt du livre n'est pas dans l'action qu'il relate, mais dans les raisons et les explications qu'il apporte pour justifier cette action.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 76, octobre 2015


  1. Chez Aléas en 2002.

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