KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Stephen King : Docteur Sleep

(Doctor Sleep, 2013)

roman fantastique

chronique par Philippe Paygnard, 2014

par ailleurs :

Danny Torrance a bien grandi depuis les événements tragiques de l'hôtel Overlook, mais le Don ne l'a pas quitté. Aujourd'hui, il travaille comme aide-soignant dans une maison de retraite et se sert de son pouvoir pour aider les résidents à franchir le seuil de la mort sans peur ni crainte lorsque leur heure est venue. Pour y parvenir, il a dû se battre pour échapper au piège infernal d'une addiction à l'alcool héritée de son père. Danny sait également qu'il n'est pas seul à avoir le Don et c'est presque sans surprise qu'il reçoit l'appel à l'aide de la jeune Abra, âgée d'une dizaine d'années.

Même s'il serait facile de définir Docteur Sleep comme la suite de ce roman-culte de Stephen King qu'est Shining, l'enfant lumière (Williams-Alta, 1979), ce nouveau livre est bien plus que cela. Certes, on retrouve les survivants de l'hôtel Overlook que sont Wendy Torrance et Dick Hallorann, mais ils n'apparaissent que brièvement, dans les premiers chapitres. Cette entrée en matière permet de suivre l'évolution du Don chez le jeune Danny, car c'est bien évidemment ce dernier qui intéresse au plus haut point le romancier. Enfant, adolescent, puis adulte, doté de capacités mentales hors du commun, Danny n'est pas un super-héros. Ce n'est qu'un être humain qui, parfois, cherche le réconfort et l'oubli au fond d'une bouteille. Et c'est en dévoilant cette faille que Stephen King parvient à rendre son personnage principal éminemment sympathique.

Comme dans les plus classiques de ses œuvres, le romancier met en scène l'affrontement du Bien, représenté par Danny Torrance, Abra Stone et leurs amis, et du Mal. Ce dernier est, cette fois, incarné par le Nœud Vrai, une confrérie de vampires nomades. Une fois encore, Stephen King crée un adversaire à la mesure de ses héros avec ces suceurs de sang qui n'en sont pas vraiment puisqu'ils se nourrissent du Don que beaucoup d'autres partagent avec Danny et Abra sans le savoir. Il offre à chacun des membres de cette malfaisante communauté une personnalité plus ou moins remarquable, fonction de ses expériences passées, mais c'est forcément leur chef, Rose Claque, qui se révèle être la plus terrifiante de ces vampires, un monstre à visage humain digne du Grippesou de Ça (Albin Michel, 1988).

Si le point culminant de Docteur Sleep est bien évidemment le duel final qui oppose le duo Danny/Abra à Rose Claque, la lutte que mène Daniel Torrance contre sa dépendance à l'alcool fait intégralement partie de ce récit prenant et totalement maîtrisé par un Stephen King au sommet de son art, même si ce retour du côté du Shining est parfois un peu convenu.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 74, septembre 2014

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