KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Peter F. Hamilton : Manhattan à l'envers

(Manhattan in reverse, 2011)

nouvelles de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2013

par ailleurs :

« Sans s'interrompre, elle nous jeta un regard dépourvu d'intérêt.

Je fais ceci avec la triste connaissance que les dirigeants et institutions de notre vieux pays nous ont failli totalement.

Ceux qui cherchent à se libérer du malaise oppressant et irrémédiable qui afflige actuellement le Royaume-Uni sont invités à le faire en respectant les restrictions suivantes.

Un air de dédain s'affichait sur son visage quand ils lui lançaient des regards blessés sur son passage.

Je fus frappée comme un ballon de football bon marché.

Vu de l'extérieur, on pourrait penser que j'étais un carriériste standard comptant les jours avant la retraite. Vous auriez tort, j'en suis arrivé à haïr passionnément ce boulot.

Je vais vous le raconter aussi précisément que je m'en souvienne, c'est-à-dire presque mot pour mot.

La boule de duvet roux était un vrai gredin plein d'animation, comme tout chaton âgé de deux mois.

— Qu'est-ce que tu mates ? demanda-t-elle.

— Rien, promis-je rapidement. »

Ces échantillons vous suffisent-ils ? Je n'ai pas tout relevé mais je voudrais signaler qu'au lieu de s'insurger parfois encore contre l'envahissement du français par l'anglais, on pourrait s'inquiéter sérieusement de voir cette pauvre langue française ainsi maltraitée sous prétexte de respect de la langue originale, ou par manque de relecture sérieuse… Et je regretterai que les sept nouvelles de ce recueil aient été traduites par trois traducteurs différents et de niveaux très hétérogènes ; une harmonisation aurait été plus que bienvenue. C'était le mot du râleur patenté.

Revenons à nos moutons. Il s'agit d'une rareté. Un recueil de nouvelles d'un romancier nous ayant habitués aux diptyques, aux longues séries. Et je recommanderai de le lire dans l'ordre chronologique de parution des nouvelles (grâce au copyright des textes) ; cela donnera une idée de l'évolution de Peter F. Hamilton en tant que nouvelliste. Car il y a loin entre le premier texte de 2000 et le dernier de 2011. "En regardant pousser les arbres" (titre en traduction littérale) propose une enquête sur un meurtre dans une société anglaise steampunk (mélange d'archaïsme social et de modernité technique) où les individus bénéficient d'une quasi-immortalité. Entre Agatha Christie et Isaac Asimov, on se laisse prendre au jeu… Mais on préférera et de beaucoup "Manhattan à l'envers". Au moins parce que la traduction en est bien meilleure et parce qu'on y retrouve l'enquêtrice du "Piège à Démons". Paula Myo est une jeune femme presque omnipotente qui sait manipuler toutes les nouvelles technologies et se met au service du Conseil qui dirige tout. Elle est originaire de Huxley's Haven (le refuge de Huxley, prénom Aldous, la planète étant surnommée, on s'en doute, “la Ruche”). Dans "le Piège à démons", elle retrouve et punit un criminel, et dans "Manhattan à l'envers", elle ramène la paix sur une planète rurale que des voyous étaient sur le point de mettre à feu et à sang pour une question d'or. Toutes les autres nouvelles ont un vieux fond classique et ne surprendront pas les amateurs du genre ; elles n'ajoutent et ne retirent rien à la gloire de l'auteur. Un auteur qui reprend et déforme les vieux clichés pour parler de la France : « Paula s'étonnait presque qu'il ne porte pas un béret et ne fume pas la cigarette, tant il jouait à la perfection une indifférence toute parisienne. » Étonnant, non ?

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 72, août 2013

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