KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Guillermo del Toro ; Chuck Hogan : la Nuit éternelle (la Lignée – 3)

(the Night eternal, 2011)

roman de Science-Fiction d'horreur

chronique par Philippe Paygnard, 2012

par ailleurs :

Les êtres humains ont perdu la guerre contre les vampires. Le Maître et ses hordes de strigoï dominent désormais une Terre où une nuit artificielle, conséquence des retombées de nombreuses explosions nucléaires, n'offre plus que quelques heures de clarté quotidienne aux derniers rebelles pour agir. Cependant, la mort du professeur Abraham Setrakian laisse ces derniers sans véritable chef et sans grand espoir de vaincre les armées vampiriques du Maître. La clé d'une victoire, fut-elle à la Pyrrhus, réside très certainement dans les pages de l'Occido lumen, un livre que nul encore n'a pu entièrement décrypter.

Ultime volet de la trilogie vampirique concoctée par Guillermo del Toro et Chuck Hogan, la Nuit éternelle propose après la Lignée et la Chute de découvrir un monde où les suceurs de sang imposent leur domination sur l'espèce humaine. Proies naturelles des vampires, les hommes et les femmes, à commencer par ceux dont le groupe sanguin est B positif, sont transformés en bétail, dans des camps administrés par d'autres êtres humains, pour produire assez de nourriture pour les strigoï. La trahison est ainsi l'un des thèmes centraux de ce récit où certains sont prêts à toutes les bassesses pour survivre, à l'exemple du docteur Everett Barnes, l'ancien supérieur d'Ephraim Goodweather au CDC devenu chef de camp pour le Maître, ou d'Alfonso Creem, l'ex-chef du gang des Saphirs transformé en informateur par le Maître. Eph lui-même est tenté par la trahison qui lui permettrait de retrouver son fils, Zack, retenu captif par le Maître.

Le monde placé sous domination vampirique tel que del Toro et Hogan le décrivent n'est pas sans rappeler les sombres heures de l'Histoire avec les camps de travail et d'extermination nazis. D'autres auteurs ont également envisagé une Terre asservie par les suceurs de sang, sans une référence historique aussi évidente, à l'exemple des frères Peter et Michael Spierig dans leur film Daybreakers (2009), où les derniers humains sont utilisés comme réservoirs vivants de sang dans de véritables usines.

Le Maître est bien évidemment le personnage central de ce dernier opus, Nemesis de l'espèce humaine, et le voile est enfin levé sur ses origines. On découvre également la nature exacte de Quinlan, le chasseur-vampire des défunts Aînés. Il se révèle être l'Enfanté, le seul suceur de sang né vampire, puisque contaminé alors qu'il n'était encore qu'un fœtus dans le ventre de sa mère mordue par le Maître, encore jeune et imprudent. Sans être la copie conforme de Blade, le héros de bandes dessinées dont Guillermo del Toro a porté les exploits sur grand écran (Blade II, 2002), il y a d'évidents traits communs entre ces deux personnages taciturnes et redoutablement efficaces au corps à corps contre leurs demi-frères les vampires.

Mêlant plusieurs influences, la trilogie de Guillermo del Toro et Chuck Hogan se conclut de manière héroïque, le sacrifice de certains personnages permettant à la vie de reprendre un cours normal sur une planète définitivement débarrassée de la menace vampirique. Cette fin, somme toute fort classique et sans réelle surprise, fait partie des seuls reproches que l'on puisse faire à ce scénario plein d'action qui n'attend plus qu'une adaptation(1) sur grand écran en 3D et son surround.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 71, octobre 2012


  1. Si la version cinématographique de la trilogie cosignée par Guillermo del Toro et Chuck Hogan n'est pas encore d'actualité, les premiers épisodes de la version bandes dessinées de the Strain (la Lignée) viennent de paraître chez l'éditeur américain Dark Horse Comics, scénarisés par David Lapham et mis en images par Mike Huddleston.

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