KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Clemence Housman : Ombre Blanche

(the Were-wolf, 1896)

court roman fantastique

chronique par Philippe Paygnard, 2012

par ailleurs :

Coupés du reste du monde par le froid et la neige, les habitants de cette ferme isolée ont repris leurs habitudes hivernales, chacun s'occupant pour attendre le printemps. C'est donc avec une grande surprise qu'ils reçoivent la visite d'une parfaite inconnue. Vêtue de blanc des pieds à la tête, cette femme à la beauté glaciale se présente à eux sous le nom d'Ombre Blanche et dit s'être perdue dans la campagne couverte de neige. Alors que tous tombent sous le charme vénéneux de cette visiteuse impromptue, Christian, qui revient d'une longue chasse à l'extérieur de la ferme, se méfie de cette créature qui fascine les hommes, y compris son frère jumeau Sweyn. Il ne peut que constater que son arrivée coïncide avec la présence d'un loup dont il a longuement suivi les traces. Sa méfiance se transforme en réelle défiance lorsqu'un des enfants de la ferme disparaît brutalement.

Écrit à la même époque (1896) que le célèbre Dracula de Bram Stoker, ce court récit est l'œuvre de Clemence Housman et son titre original, the Were-wolf, indique avec clarté quelle créature fantastique se trouve au centre de cette histoire, le loup-garou. Grâce à la postface de Jean-Pierre Dionnet, mêlant érudition et anecdotes personnelles, on en apprend un peu plus sur l'auteur d'Ombre Blanche. Car celle qui, en à peine quatre-vingts pages, parvient à planter le décor de cette ferme isolée par l'hiver, à rendre attachant le petit Rol qui sera la première victime de la créature, à mettre en évidence les relations complexes de haine et d'amour qui unissent Christian et son frère Sweyn, et qui crée, avec Ombre Blanche, un fascinant personnage de loup-garou, est loin d'être aussi connue que Bram Stoker. Née en 1861, Clemence Housman est une femme atypique au cœur de la société victorienne. Au lieu de se marier et de devenir une bonne mère de famille, elle fait preuve d'indépendance en devenant illustratrice et romancière dont le talent est remarqué par H.P. Lovecraft dans l'un de ses ouvrages critiques. Elle va même au-delà en participant activement au mouvement des suffragettes.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 71, octobre 2012

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Clemence Housman : la Mer inconnue

(the Unknown sea, 1898)

trois premiers chapitres d'un roman fantastique

chronique par Philippe Paygnard, 2012

par ailleurs :

Malgré une fort jolie couverture, due au talent de Pascal Croci (à qui l'on doit également les versions BD de Dracula et d'Elizabeth Bàthory des éditions Emmanuel Proust), et les nombreuses gravures cosignées par Clemence Housman et son frère Laurence qui illustrent cette Ombre Blanche, il convient de pousser un sérieux coup de gueule à propos de ce livre. En effet, en complément d'Ombre Blanche, est proposé par l'éditeur un récit de 1898 intitulé la Mer inconnue, également écrit par Clemence Housman. On peut ainsi suivre, sur une quarantaine de pages, les aventures de Christian, un pêcheur audacieux, qui affronte les flots et rencontre une créature fascinante appelée Diadyomene. Alors que les différents éléments du récit se mettent lentement en place, l'histoire s'arrête brutalement et sans aucune explication. Un minimum de recherches sur l'internet permet de découvrir que le Pré aux Clercs ne nous offre ici la traduction que de trois des dix-sept chapitres qui composent l'intégralité de la Mer inconnue. Une véritable hérésie.

Aussi, malgré l'indéniable plaisir qu'il y a à découvrir une auteure de grande qualité injustement oubliée, il est difficile de conseiller l'achat d'un livre qui, sans aucune note d'intention, ni la moindre justification, ne propose qu'une œuvre incomplète.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 71, octobre 2012

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