KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Catherine Schneider : Paranormale antiquité

anthologie sur la mort et ses démons en Grèce et à Rome, 2011

chronique par Éric Vial, 2011

par ailleurs :

Précédée d'un entretien avec Antonio Stramaglia, professeur à l'université de Cassino, qui pose d'entrée en principe l'étude scientifique de la littérature fantastique, cette anthologie au format de poche promène le lecteur depuis Homère (viiie siècle avant notre ère ?) jusqu'à Venance Fortunat (mort vers 600) pour ce qui est de la chronologie, d'Achille Tatius, romancier du iie siècle de notre ère, à Zosime, historien païen du ve siècle, pour ce qui est de l'ordre alphabétique, et de Virgile (-70/-19) à Philostrate (165/250 circa) pour ce qui est de l'ordre des textes. On croisera Apulée, Aristophane, Cicéron, Eschyle, Euripide, Flavius Josèphe, Hérodote, Hésiode, Lucien de Samosate, Ovide, Pétrone, Plaute, Pline (le jeune et l'ancien), Plutarque, Suétone, Tacite, Virgile mais aussi Constance de Lyon, Macrobe, Phlégon de Tralles, Valérius Flaccus, Procope de Césarée, ou Xénophon (mais d'Éphèse, on est prié de ne pas confondre) : bref, les grands noms et ceux pour lesquels les notices de fin de volume sont tout sauf inutiles. Et les textes sont répartis en neuf chapitres, chacun subdivisé en deux parties ; on commence par les “mal morts”, spectres et revenants mécontents de leur sort, associés aux puissances démoniaques en tous genres ; on continue avec les trépassés bénéfiques et ceux dont l'âme et le corps peuvent se séparer ; on insiste sur les sons et les images typiques de l'univers des trépassés, sur les heures de la journée (il est des démons de midi) et les lieux hantés, sur la nourriture et les amours des défunts, sur les messages qu'ils portent et les nécromanciens qui les évoquent, sur les besoins de vengeance et les guerres éternelles, de la chasse sauvage aux irruptions dans les combats réels, dont la bataille des champs catalauniques contre Attila, sur les rites, les superstitions et la magie noire, et enfin sur les possessions et les exorcismes.

On n'essaiera pas de faire croire ici que tout ceci se lit comme un roman. Ne serait-ce qu'à cause de la multiplicité des fragments et des extraits. Mais on a une superbe banque de données, portant tout à la fois sur des croyances et sur des jeux littéraires avec ces croyances, et qui pourra intéresser l'amateur de Fantastique, ou l'auteur en quête de références, voire d'inspiration.

Éric Vial → Keep Watching the Skies!, nº 69, juin 2011

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