KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jérôme Vincent : Utopiales 2009

anthologie de Science-Fiction et de Fantasy, 2009

chronique par Pascal J. Thomas, 2010

par ailleurs :

Chaque année, le festival nantais de la SF (et genres connexes) édite une anthologie. Depuis quelque temps, la chose est confiée à ActuSF, ce qui ne saurait être pour nous déplaire. Le cru 2009 est un animal étrange mais sympathique, qui mélange allègrement ancien et nouveau, et francophone et anglophone.

Après une intro ravigotante d'Ugo Bellagamba, nous avons droit à six nouvelles. Passons rapidement sur celles qui m'ont moins transporté. Pierre Bordage, conteur inspiré, se livre avec "De ma prison…" à un exercice de réflexion philosophico-religieuse qui me laisse froid. Jean-Philippe Jaworski relit dans "Préquelle" le mythe howardien, et le relie à l'Histoire antique — ouvrage fort bien fait, mais pas de quoi réinventer la Fantasy. Stephen Baxter est d'une autre trempe ; son "George et la comète" a les défauts de ses qualités : ses Londoniens transportés à la fin des temps dans des corps de lémuriens ne manquent pas d'humour, mais la situation n'évolue guère et est trop artificielle pour me transporter.

Catherine Dufour ne laisse jamais indifférent. Mais l'usage de l'excès est toujours délicat, et le télescopage d'expression pour fabriquer les titres peut tourner au procédé. Quoi qu'il en soit, "un Temps chaud et lourd comme une paire de seins" est un excellent condensé de polar noir du futur, doté d'un personnage attachant et d'une intrigue retorse à souhait, mais qui souffre à mon sens de l'insistance avec laquelle l'auteure accumule des horreurs invraisemblables — pour faire toucher du doigt au lecteur les iniquités du monde où nous vivons ?

Robert Charles Wilson, dans "les Perséides", livre une histoire de premier contact subtile et toujours agréable par son atmosphère (même s'il a tendance à réutiliser les mêmes décors). De Walter Jon Williams, pour finir, nous avons "Elvis le Rouge", un récit uchronique déjà ancien. C'est sans doute un peu long pour son propos, mais se lit avec délectation ; on présumera que l'auteur n'a pas pu s'empêcher de mettre à profit la documentation accumulée sur son fascinant modèle.

Au total, un recueil diversifié et de bonne qualité, que l'on peut lire comme échantillon de la production du moment (et de quelques années avant pour les textes traduits). À ne pas rater pour les inconditionnels de Dufour.

Pascal J. Thomas → Keep Watching the Skies!, nº 65-66, juillet 2010

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