KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Peter Watts : Vision aveugle

(Blindsight, 2006)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2009

par ailleurs :

On a photographié la Terre depuis l'espace… À partir de l'artefact découvert dans le système solaire ? Pour tout savoir, on envoie le vaisseau Thésée (au nom prédestiné, rappelez-vous : Thésée, le fils d'Égée, envoyé pour délivrer le pays du monstrueux Minotaure enfermé par Dédale dans un labyrinthe et qui s'en sort grâce à la belle Ariane…). À bord, cinq membres d'équipage : une linguiste aux multiples personnalités, un biologiste en interface machine, une militaire pacifiste et un observateur capable de déchiffrer parfaitement le langage corporel de ses interlocuteurs. Quant à leur commandant, c'est un homo vampiris, un vampire aux capacités intellectuelles remarquables.

Il y a longtemps, me semble-t-il — vous me corrigerez si je me trompe, merci —, que l'extraterrestre n'était plus sujet de roman. Et voici que paraissent coup sur coup au Fleuve noir deux histoires d'extraterrestres (le présent roman et Feux croisés de Nancy Kress). Ici, nous avons trois récits enchâssés. L'observateur observe le comportement et les réactions des autres en fonction de l'approche de l'artefact : d'abord muet, il observe aussi les changements d'attitudes de l'artefact et enfin parle du commandant et de lui-même. On le voit, c'est moins l'objet extraterrestre que l'attitude des Humains face à lui qui intéresse l'auteur. Il présente d'ailleurs cet extra plus comme une entité biomécanique particulière, presque comme un miroir. Je ne peux vous raconter la fin, mais il faut voir ce roman comme une tentative de réhabilitation de ceux qui, dans les années cinquante, commençaient par tirer pour réfléchir ensuite quand c'était trop tard, vous voyez ce que je veux dire… Ceux pour qui l'extra venait toujours de la planète rouge. Ou disposait d'un formidable arsenal d'armes de destruction massive. Ici on comprend, on admet même que l'équipage en arrive à cette fin. Heureusement, nous ne sommes pas trop impliqués dans l'histoire. Pour moi, il y stagne quelque chose d'indéfinissable qui interdit de prendre parti… et qui nous gêne. Nous voulons bien admettre le comportement de l'équipage mais peut-être que nous refusons d'y participer.

Évolution des consciences ? Toute puissance de la science objective ? Raisons de nos peurs ? etc. J'ai bien peur qu'à moins de s'appeler Alexandre, il soit difficile de trancher.

Bonne lecture !

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 64, novembre 2009

Lire aussi dans KWS une autre chronique de Vision aveugle par Jérôme Charlet

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