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Keep Watching the Skies! nº 61, décembre 2008

Jean-Michel Calvez : STYx

roman de Science-Fiction

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chronique par Philippe Paygnard

Sur cette planète perdue au fin fond de l'espace, une étrange maladie décime les colons terriens. Ce syndrome transmissible par les yeux semble tout particulièrement frapper ceux des colons qui sympathisent ou éprouvent un certain intérêt pour les autochtones. L'indifférence semble être le seul moyen d'échapper à ce mal mortel dont nul ne connaît l'origine, cependant Orfeu, journaliste de profession, dont le compagnon est l'une des victimes du STYx, mène sa propre enquête.

Nouvelliste bien connu, dont les textes finement ciselés et toujours empreints d'originalité sont au sommaire des meilleures anthologies1, Jean-Michel Calvez ne compte jusque-là que peu de textes longs à son palmarès. Sa bibliographie fait cependant état de deux romans, Planète des vents et Huit clones, respectivement publiés en 1997 et en 1998, dans la collection "SF Space" du Fleuve noir, passés quelque peu inaperçus, ainsi que d'un troisième, la Boucle d'octobre, paru en 2006 chez les très intéressantes, mais un peu trop confidentielles, éditions Rivière blanche.

Alors que ses textes courts visitent régulièrement les terres du Fantastique, STYx appartient définitivement à la Science-Fiction. On y retrouve ainsi une des thématiques classiques du genre, la colonisation d'une planète lointaine, et l'un de ses corollaires naturels, les difficiles relations entre colons et indigènes. Une telle base permet bien évidemment de faire un parallèle avec l'histoire coloniale qui entache toujours les relations entre pays du Nord et pays du Sud. Mais, Jean-Michel Calvez va au-delà de ce discours politique évident en ajoutant à son récit, cette maladie, qui rappelle forcément le Sida, mais ne frappe que les colons humains trop compatissants pour les autochtones, ces lutins à la peau verte, en apparence si insensibles à la douleur et si méconnus de leurs voisins humains.

Au-delà de certaines incohérences ou de certains non-dits, il est dommage que le livre perde l'essentiel de son énergie à cause d'un découpage en deux parties qui, malgré tous les efforts du romancier, ne parviennent jamais à s'imbriquer parfaitement et totalement. Pendant la première moitié du roman, on assiste ainsi la quête assoiffée de vérité et de vengeance d'Orfeu, bien décidé à découvrir l'origine du mal qui a frappé son ami. Alors que dans la deuxième, le personnage de Lucio reprend le flambeau et, même s'il est dit qu'il est le frère d'Orfeu, il lui manque la passion qui animait ce dernier.

Véritable roman de Science-Fiction, STYx a un discours social et politique qui renvoie forcément à notre société moderne, industrielle, capitalistique et indifférente. S'il n'est pas aussi convaincant qu'il aurait pu l'être, STYx ne manque pas de bonnes idées et donne réellement envie de découvrir les prochains textes longs de Jean-Michel Calvez.

Notes

  1. On peut ainsi apprécier son très intéressant "Dernier souffle" dans Parfums mortels, compilation de quinze nouvelles, sur le double thème du parfum et de la mort, réunies par Anne Dugüel pour les éditions Malpertuis, en 2007.