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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 60 les Amants étrangers

Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008

Philip José Farmer : les Amants étrangers

(the Lovers)

roman de Science-Fiction

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chronique par Éric Vial

Attention : classique sulfureux. Sulfureux mais classique. Datant de 1961 (de 1952 pour la nouvelle originelle et de 1968 pour la traduction française ; autant dire de la télé en noir et blanc et des derniers râles d'une ère victorienne s'éternisant, bref de la préhistoire). Malgré le modernisme robotique de la couverture, avec un gros "X" façon Canal+. On fera donc mieux de ne rien chercher d'émoustillant. Par ailleurs, la vision initiale d'une surpopulation nécessitant de peu ragoûtantes cohabitations semblera sans doute fort datée.

Reste… le reste, bien entendu. Une société fondée sur une religion de la vérité, sur l'interdénonciation systématique de tous et la punition pour le bien supposé de chacun, sur l'adhésion consentie : bref, un totalitarisme achevé. Un personnage pris dans ce système, y adhérant, mais mal à l'aise, et trouvant une occasion de partir. Une planète lointaine, des extraterrestres tout à la fois très étrangers et très humains. Des humains stricto sensu aussi, issus d'une vague d'exploration antérieure. Et, bien entendu, l'étrangère, humaine justement, au moins en apparence. Une histoire d'amour. Et une histoire de symbiose, puisée à l'entomologie et sans doute au mythe de Lilith. Et une tragédie, au sens où le destin ne peut que frapper. Avec une explication finale dont trop d'éléments déjà ont été dévoilés ici, et qui a gardé son efficacité pour qui n'a jamais lu ce livre. Le tout rappelant que ce qui fait un classique, justement, c'est sa capacité à ne pas vieillir. Du moins pour l'essentiel1.

Alors, tant pis si le soufre s'est éventé avec le temps. Si on a vu bien mieux ou bien pire depuis. Sous la signature, en particulier, de Farmer. On a là un de ses grands livres, et un grand livre tout court. Heureux ceux qui le découvriront, ou le redécouvriront.

Notes

  1. On notera que la traduction de Michel Deutsch, a été révisée par Nadia Fischer à l'occasion de l'édition chez Terres de Brumes en 2005.