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Keep Watching the Skies! nº 57, août 2007

Christopher Golden : King Kong

(King Kong)

roman de Science-Fiction

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chronique par Philippe Paygnard

Spécialiste des tournages exotiques, le cinéaste Carl Denham compte bien filmer les scènes-clé du grand œuvre de sa carrière sur une île perdue au milieu de l'océan. Après avoir dérobé les négatifs de son film inachevé aux producteurs qui refusent de continuer à financer ses extravagances cinématographiques, Denham utilise ruse, bagout et tromperie pour monter sa propre expédition vers cette terre vierge, dont il est seul à connaître le nom et les coordonnées : l'île du Crâne. Outre son équipe de tournage et l'équipage du Venture, le cargo mixte du capitaine Englehorn, Denham réussit à convaincre l'acteur Bruce Baxter et la jeune comédienne Ann Darrow de l'accompagner dans ce périple. Pour compléter son équipe, il embarque, presque de force, le scénariste à succès Jack Driscoll et l'entraîne dans son aventure. Qu'ils soient volontaires ou non, les passagers du Venture ne savent pas encore quels mortels dangers les guettent sur l'île du Crâne !

Scénariste de bandes dessinées et écrivain, Christopher Golden est également un maître ès novellisation. Il compte ainsi à son actif, souvent en solo, mais parfois à quatre mains avec son fidèle complice Tom Sniegoski ou bien avec la romancière Nancy Holder, plus d'une douzaine de romans de la série Buffy contre les vampires1. Il a également orchestré les premières aventures romanesques de Hellboy, le célèbre personnage de comics créé par Mike Mignola, et il a aussi dirigé deux anthologies consacrées à ce personnage, en réunissant pour l'occasion des auteurs venus d'horizons différents (Poppy Z. Brite, Nancy A. Collins, Mick Garris ou Kim Newman, pour ne citer qu'eux). Le retrouver aux commandes de cette novellisation du King Kong de Peter Jackson n'a donc rien de surprenant.

Christopher Golden adapte donc ici, sous la forme d'un court roman, le film-fleuve réalisé par Peter Jackson, d'après un scénario de Fran Walsh, Philippa Boyens et Jackson. Rappelons, s'il est besoin, que ce long-métrage est lui-même une respectueuse, si ce n'est fidèle, adaptation de l'histoire originale écrite, par Merian C. Cooper et Edgar Wallace, pour la version cinématographique du King Kong des origines. Dirigé, en 1933, par Ernest B. Schoedsack et Cooper, ce film mettait en scène cet improbable face-à-face entre une starlette new-yorkaise (interprétée par Fay Wray) et un gorille sauvage géant sur une île perdue, avec des effets spéciaux bluffant pour l'époque. Adaptant cette adaptation, Golden assure bien plus que le minimum syndical, mais ne va cependant pas au-delà de ses obligations de novellisateur. Il donne ainsi un nom ou un prénom à chacun des marins restés anonymes dans le film de Peter Jackson tombant sous les coups des indigènes belliqueux, les crocs des dinosaures carnivores ou dans les pattes mortelles de Kong, mais il ne parvient pas totalement à restituer sur papier le lien étrange qui se noue entre le gorille géant et Ann Darrow dans le long-métrage. Suivant fidèlement l'action du film, son texte ne réussit pas non plus, et c'est hélas normal, à mettre en évidence les nombreux clins d'œil par trop visuels que le réalisateur néo-zélandais fait au film de 1933. La scène finale du combat opposant Kong, perché sur l'Empire State Building, à une escadrille de biplans perd beaucoup de sa puissance évocatrice lorsqu'elle se trouve réduite à une demi-douzaine de pages là où le réalisateur joue entre l'action et l'émotion sur grand écran.

Honnête novellisation, le King Kong de Christopher Golden n'apporte cependant aucune valeur ajoutée au film de Peter Jackson. On peut donc se contenter sans crainte ni regret de voir ou de revoir le long-métrage du cinéaste de Wellington2. Et, en attendant qu'un éditeur français traduise un autre des romans originaux de Christopher Golden, notamment Wildwood Road qu'un certain Stephen King compare au chef-d'œuvre de la littérature fantastique qu'est un Bébé pour Rosemary d'Ira Levin, on peut lire ou relire sa trilogie de la Saga des Ombres3.

Notes

  1. La majeure partie de ces romans ne sont pas des novellisations au sens strict puisqu'ils ne font qu'utiliser les personnages créés par Joss Whedon pour les entraîner dans de nouvelles aventures inédites sur le petit écran.
  2. King Kong est disponible, depuis le 28 novembre 2006, dans une édition DVD vidéo Deluxe comprenant le film en version longue, ainsi que l'indispensable commentaire audio de Jackson et de Philippa Boyens.
  3. Deux volets de cette saga, Des anges et des démons et Vampires et martyrs ont été respectivement présentés dans les pages de KWS nº 41-42 de janvier 2002 et nº 45 d'octobre 2002.