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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 55 le Masque du léopard

Keep Watching the Skies! nº 55, novembre 2006

Kurimoto Kaoru : le Masque du léopard (Guin saga – 1)

「豹頭の仮面」 (グイン・サーガ – 1)

roman de Fantasy

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chronique par Philippe Paygnard

Cachés dans la forêt de Rood, le jeune prince Rémus et sa sœur jumelle Linda sont les derniers survivants de la famille royale de Paroh. Au cœur de ces bois, hantés chaque nuit par des spectres malfaisants et des zombies sans âme, ils tentent d'échapper à leurs poursuivants, les cavaliers noirs de Gohra. Mais leur fuite se révèle sans espoir, car deux enfants, fussent-ils fils et fille de roi ne peuvent rien contre des guerriers entraînés. Ils ne tardent pas cependant à trouver une raison d'espérer lorsque leur chemin croise celui de Guin. Doté d'une force herculéenne, cet homme mystérieux, dont le visage est dissimulé sous un masque de léopard impossible à enlever, semble avoir perdu la mémoire d'un passé pourtant très certainement riche en aventures. Pour le meilleur et pour le pire, Guin choisit de joindre sa quête de souvenirs à la quête de justice des jumeaux de Paroh.

Après avoir, il y a quelques mois déjà, lancé son label manga1, le Fleuve Noir publie, en ce mois d'avril 2006, les deux premiers tomes d'un long cycle de Fantasy nippone. Initiée par la romancière Kurimoto Kaoru en 1979, la saga de Guin doit, à terme, compter pas moins de cent volumes. Un cycle d'une telle ampleur ne fait bien évidemment pas peur à l'éditeur de Perry Rhodan ou de la Compagnie des Glaces, mais, vu le prix de chaque tome, il risque de rebuter la cible toute désignée de ces nouvelles parutions. En effet, le budget des jeunes lecteurs de manga est d'ores et déjà mis à rude épreuve par la multiplication exponentielle et désordonnée des publications de bandes dessinées asiatiques.

Il serait pourtant dommage de passer à côté de l'œuvre de Kurimoto Kaoru lorsque l'on sait qu'elle a servi de modèle et d'inspiration au mangaka2 Kentarô Miura lorsque ce dernier a créé, en 1990, son manga-vedette Berserk. Il serait également dommage de ne pas apprécier les couvertures et dessins intérieurs de Yoshitaka Amano, illustrateur nippon bien connu pour son travail de designer sur plusieurs jeux vidéo de la série Final fantasy, comme sur le dessin animé Vampire Hunter D.

Ces arguments, sans rapport direct avec la prose de Kurimoto Kaoru, ne doivent cependant pas faire oublier le travail de la romancière qui, dans ce premier volume, met en place les bases de sa saga. Le rythme est enlevé et les informations utiles à la compréhension de l'intrigue sont données au fur et à mesure de la progression de l'aventure. L'amnésie de Guin permet d'ailleurs à l'auteur de faire, par la bouche des jumeaux orphelins, un rapide résumé de la situation, sans ralentir l'action. Bien évidemment, le mystère qui entoure le personnage de Guin n'est pas levé au terme de ce premier tome et il est évident que la quête de son identité et de sa mémoire perdue va occuper le guerrier au visage de léopard pendant de longs volumes à venir. De plus, en choisissant de faire cause commune avec les jumeaux de Paroh, Guin s'oblige inévitablement à les aider à retrouver leur trône perdu et se fait par là même de mortels ennemis. Tous les éléments pour de longues aventures sont donc réunis dès ce premier volume.

Au Japon, Guin saga est une œuvre culte de la littérature Fantasy, véritable référence du genre, elle a influencé bon nombre de romanciers, mangaka, concepteurs de jeux vidéo et elle a même fait l'objet d'une adaptation en manga. Il n'est pas certain qu'elle le devienne également sous nos contrées, mais la publication de ces premiers volumes permet de découvrir une autre facette de la littérature de l'imaginaire, plus exotique, même si, par certains aspects, Guin se présente comme un très digne héritier du plus célèbre des barbares, celui créé par Robert E. Howard.

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Notes

  1. Le label Kurokawa ("Fleuve noir" en japonais) publie, depuis 2005, une sélection de manga de qualité tels que Fullmetal alchemist de Hiromu Harakawa ou Kimi wa Pet de Yayoi Ogawa.
  2. Un mangaka est un auteur de manga. Le manga (ou la manga selon Frédéric Boilet) est le terme générique pour désigner les bandes dessinées japonaises qui se révèlent pourtant d'une variété extrême.