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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 53 le Temps des armes

Keep Watching the Skies! nº 53, mai 2006

Anne Perry : le Temps des armes (Saga des Reavley – 2)

(Shoulder the sky)

roman de Science-Fiction (Espionnage, uchronie & Histoire secrète)

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chronique par Éric Vial

Le roman d'Espionnage sur fond historique peut être gros d'uchronie. C'est le cas ici, dans ce deuxième tome d'une saga commencée avec Avant la tourmente, dans la même collection. L'enquête sur l'assassinat d'un fort antipathique correspondant de guerre, sur le front d'Ypres durant la première guerre mondiale (au moment de la tentative de débarquement dans les Dardanelles et du torpillage du Lusitania), s'insère dans une histoire plus vaste, celle d'un complot d'abord destiné à amener une alliance entre Londres et Berlin pour le partage et la domination du monde (États-Unis inclus) puis, quand la guerre éclate, pour assurer la victoire de l'Allemagne avant de revenir au cas de figure précédent. Il y a là, de fait, une belle uchronie à développer, en l'appuyant sur les tentatives effectives d'alliance autour de 1900, sur les visions racistes “nordiques” d'un Joseph Chamberlain, sur les intérêts encore bien défendus des aristocraties d'ancien régime, toujours largement dominantes en 1914.

Pour le reste, l'enquête policière n'est pas inintéressante, la reconstitution historique ne sent pas trop ses fiches, même quand il est question de l'épisode raconté par ailleurs dans le film Joyeux Noël, de la situation mexicaine, des Dardanelles ou du Lusitania, et surtout le complot a de très solides apparences de fondement éthique, tant n'importe quelle paix pouvait être jugée préférable à l'enfer des tranchées… la complexité morale n'est pas une mauvaise chose.

Et même si la traduction est parfois discutable, on passe un fort bon moment, on plonge dans une tranche d'histoire et, ce qui est plus important pour KWS, on a l'occasion de s'interroger sur une uchronie originale : habituellement, les mondes possibles où la grande boucherie de 1914 n'a pas eu lieu sont meilleurs que le nôtre — celui dont rêve le “Pacificateur” n'est pas vraiment évoqué mais, bien au-delà des arguments assez convenus des protagonistes patriotes du roman, ce qu'on peut en imaginer est glaçant. Il y a là une piste à suivre.