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Keep Watching the Skies! nº 53, mai 2006

Thomas Day : la Cité des crânes

roman fantastique

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chronique par Philippe Paygnard

Avec une quatrième de couverture qui annonce fièrement que la Cité des crânes est un « récit de voyage halluciné sur lequel plane l'ombre intoxiquée de William S. Burroughs, hommage au Kim de Rudyard Kipling et au Apocalypse now de Francis Ford Coppola », on peut être tenté de croire que l'on tient entre ses mains un nouveau chef-d'œuvre littéraire arpentant les terres déjà défrichées par Joseph Conrad et par Alex Garland. Hélas, plus grandes sont les espérances, plus abruptes sont les désillusions de celui qui croit — ou qui feint de croire — aux quatrièmes de couverture.

En fait, la Cité des crânes est essentiellement un roman qui porte la marque de fabrique de Thomas Day. On y retrouve donc l'habituel mélange de sexe et de violence situé, cette fois, dans la zone frontière entre la Thaïlande et le Laos. Des paysages que, d'après sa biographie officielle, Thomas Day connaît et fréquente régulièrement. Au-delà de ce décor exotique, la Cité des crânes reste un livre assez difficile à définir. Comme ce roman est publié par Le Bélial', on peut penser qu'il appartient au monde de la S.-F. ou du Fantastique. Cependant, après avoir terminé la lecture de la Cité des crânes, je ne me hasarderai pas à l'inclure dans un genre ou l'autre. En effet, l'aspect prospectif se résume pratiquement à la seule référence à une mystérieuse “République invisible”, quant aux éléments fantastiques, ils se trouvent concentrés à la fin du livre et pourraient tout aussi bien n'être que le fruit d'une longue hallucination née de l'imaginaire enfiévré de Thomas Daezzler, le narrateur de ce récit.

Ainsi, malgré les annonces claironnées par la quatrième de couverture, la Cité des crânes ne me semble pas être le chef-d'œuvre escompté. Pour autant, cela n'empêche pas ce livre d'être, à ce jour, l'un des romans les plus personnels de Thomas Day où l'auteur laisse échapper quelques confidences intimes et quelques réflexions diverses, comme cette digression sur l'affaire Trintignant/Cantat. Mêlant quelques vérités à de nombreux mensonges, dans un bouillonnement d'influences diverses, la Cité des crânes semble n'être qu'une étape vers une œuvre plus personnelle que l'auteur écrira peut-être. Mais, en attendant ce jour, un troisième opus de la Voie du sabre me suffira amplement.