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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 52 le Crépuscule des dieux

Keep Watching the Skies! nº 52, novembre 2005

Gudule : le Crépuscule des dieux (la Ménopause des fées – 1)

roman de Fantasy

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chronique par Noé Gaillard

C'est sans doute parce qu'elle écrit pour la jeunesse que Gudule doit éprouver un malin plaisir à jouer au dirty play (jeu infantile qui consiste à se gargariser de mots sales : pipi, caca, crotte, boudin, etc.). Or en transposant ce jeu avec des mots d'adultes (putain, bite, biroute, pouffe, etc.) cela donne une furieuse impression de vulgarité et j'avoue avoir eu beaucoup de mal à sourire (même à certains jeux de mots style almanach Vermot : « — Et le vit ? — Le vit ? oh, long ! ») et pourtant l'histoire est intéressante et pleine de trouvailles, soutenue par des personnages attachants — malgré leurs outrances.

Imaginez un Merlin (l'enchanteur, pas le roi) contraint à quitter sa forêt de Brocéliande pour une station de métro du même nom et se morfondant dans l'alcool (« Ayant touché le fond, il s'y trouva bien, et […] dormit dans son vomi sans en être affecté » ; c'est beau la poésie, non ?). Et ses trois fées Morgane, Viviane et Clochette habitant les poubelles, et se pliant un peu à la mode du xxie siècle (Morgane adoptant une idéologie néonazie et Clochette sado-maso jouant avec les enfants… Viviane se contentant d'adopter le Vermot). Or un jour Vivi ramène une carte Orange appartenant à une certaine Linda Graal et Merlin veut croire à un possible renouveau de la chevalerie… Et ainsi on va voir défiler un chien Excalibur, un Artur Lancelot, un Baron de Perce-Val, un père Cheval, une Guenièvre etc., et même un certain Damned, flic de son état et méchant comme une teigne… Et dans cette galerie de portraits, Gudule excelle ; c'est plaisant, bien rythmé et écrit avec une finesse de styliste qui n'est pas sans rappeler un certain Jean-Bernard Pouy lorsqu'il s'adonne à l'humour avec son petit camarade Patrick Raynal… En bref tout se termine bien pour Merlin et Linda, seules les fées ont un sort peu enviable, surtout lorsque l'on sait que leur ménopause tient au fait qu'elles ont un nombre déterminé de pouvoirs magiques… comme si chacun de leurs souhaits exaucés correspondait à un ovule.