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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 50 lo Tin-Tin d'Ergé

Keep Watching the Skies! nº 50, janvier 2005

Jan-Loís Lavit Talader : lo Tin-Tin d'Ergé

roman de Science-Fiction inédit en français

chronique par Pascal J. Thomas

Nous sommes en 2017, à Tarbes, en Gascogne Sud autonome. L'inauguration d'une exposition de trésors archéologiques de la Gascogne préhistorique — avec en vedette un masque représentant le dieu pré-romain Ergé — fournit l'occasion d'étrenner également un nouveau système de sécurité ultra-perfectionné. Ce qui doit arriver, arrive : en plein discours des autorités, la lumière s'éteint, et le masque inestimable s'est évaporé quand l'électricité revient. Voilà bien une affaire pour mettre à l'épreuve la sagacité du Commissaire Magret, qui vient de s'illustrer en démasquant les terroristes responsables du virus informatique Zocalfar1.

L'enquête qui suit obéit aux règles du roman policier : fausses pistes, coupables bien en vue mais à l'air tellement innocent, assassinats aussi horribles qu'inattendus, mobiles tarabiscotés… On croise au passage une minable secte de nostalgique du centralisme, les “Adorators de l'Unic”, et une ribambelle de clins d'œil aux musiciens gascons — ou plus généralement occitans — du moment. Ils sont tous immortalisés, nous apprend-on, dans un grand Parc de Découverte et de Loisirs Musicaux… le Tisner-Land2.

Ce calembour donne le ton du livre : humoristique et complice. Très inspiré par San Antonio au niveau de la verve, mais aussi des personnages ; le principal collaborateur de Magret, Isidòra Lacrampa, surnommé Lo Cauerat (le cachalot), partage avec l'inspecteur Bérurier nombre de caractéristiques physiques et de traits de caractère. Autant dire qu'on ne s'ennuie pas, même si la recette n'est pas très nouvelle. Lavit a abandonné le gascon extrémiste qu'il pratiquait dans Zocalfar (par exemple, il n'utilise plus les articles définis pyrénéens eth/era, mais lo/la) et a assorti son roman d'un bref glossaire qui permet de ne pas avoir à ouvrir son Palay3 à tout bout de champ. D'autant plus qu'on risque de ne pas y trouver certaines acceptions, comme “vaisherèr” (le vaisselier) utilisé pour désigner les caractéristiques sexuelles secondaires féminines.

Court, enlevé, drôle. À lire avec l'armagnac à portée de main.

Notes

  1. Voir le roman du même titre, éditions Princi Negre, 1997.
  2. Jean-François Tisner est depuis une quinzaine d'années le créateur le plus original et prolifique dans le domaine de la musique gasconne d'inspiration traditionnelle.
  3. Simin Palay : Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes, Paris, éditions du CNRS, 1963, XII-1011 p. + 31 p. de supplément. Le plus complet des dictionnaires du gascon.